L'activiste francophone Gilles Rhéaume a rencontré un enquêteur de la Police provinciale de l'Ontario, hier midi à Embrun, afin de faire suite à la plainte criminelle qu'il a déposée à l'encontre du militant anglophone Howard Galganov pour sa distribution, au sein du canton de Russell, de tracts "haineux" à l'égard des Canadiens français.

L'activiste francophone Gilles Rhéaume a rencontré un enquêteur de la Police provinciale de l'Ontario, hier midi à Embrun, afin de faire suite à la plainte criminelle qu'il a déposée à l'encontre du militant anglophone Howard Galganov pour sa distribution, au sein du canton de Russell, de tracts "haineux" à l'égard des Canadiens français.

M. Rhéaume a raconté les circonstances entourant sa plainte à l'enquêteur Jean Coutu lors d'une entrevue d'une trentaine de minutes en début d'après-midi. L'entretien a été enregistré sur vidéo.

"Le feuillet cartonné est sous examen. Il est présentement analysé par des juristes spécialisés dans le domaine pour évaluer la possible nature haineuse du document", a-t-il révélé au Droit à la suite de son passage au poste de la PPO d'Embrun.

Le porte-parole de la Ligue québécoise contre la francophobie canadienne dénonce la distribution, de plus de 5000 tracts ayant le message "Boycott French Owned Stores ", dans les boîtes aux lettres du canton de Russell, le 12 juin dernier.

L'initiative d'exiger le boycottage des commerces francophones relevait de M. Galganov. Il avait agi de la sorte en réaction à l'adoption éventuelle d'un règlement sur l'affichage bilingue commercial dans la municipalité quelques jours plus tard.

Les autorités policières n'ont pas confirmé qu'une enquête officielle avait été déclenchée. LeDroit n'a pu obtenir une telle confirmation auprès de la PPO hier.

"Mais il y a bel et bien enquête. On a même employé le mot 'suspect' en parlant de M. Galganov, a partagé M. Rhéaume. Toutefois, pour le moment, il n'est pas question de le rencontrer. Ils ne sont pas rendus là."

L'ancien président de la Société Saint-Jean-Baptiste avance aussi que la PPO pourrait procéder à une enquête plus large, incluant l'identification du lieu de l'impression du document, le rôle de l'imprimeur ainsi que celui de Postes Canada dans cette affaire.

"Pornographie"

À cet effet, M. Rhéaume a poursuivi sur sa lancée contestataire lundi. Il a officiellement déposé une plainte contre Postes Canada pour leur participation dans la distribution du feuillet cartonné.

"Ils sont complices de l'acte de distribution de littérature haineuse contre rémunération. Ils ne peuvent pas s'en tirer indemnes. C'est comme s'ils distribuaient de la pornographie ! Le message de M. Galganov est de la pornographie d'idées."

M. Rhéaume estime que la société d'État doit suivre des règles d'éthiques précises. Le tract est raciste à l'endroit des Canadiens français, soutient-il. "S'il était plutôt écrit de boycotter les commerces des Juifs ou des Noirs, nous aurions considéré ces propos discriminatoires. Pourquoi est-ce différent pour les francophones ?"

Il s'agit d'une quatrième plainte linguistique instiguée par M. Rhéaume auprès de différents organismes depuis environ un mois. "Je veux le (M. Galganov) garder occupé" mentionne-t-il, sourire en coin.

D'autres plaintes à suivre

M. Rhéaume n'entend pas lâcher prise bientôt. Il contemple l'idée d'inclure Postes Canada dans sa plainte criminelle auprès de la PPO.

D'ailleurs, l'homme de 56 ans compte écrire une lettre au ministre fédéral Lawrence Cannon, dont le portefeuille inclut la société d'État, au cours des prochains jours pour exprimer sa colère. Des questions lui seront aussi adressées, en Chambre de Communes, lors de la rentrée parlementaire cet automne, espère M. Rhéaume.

L'auteur des diverses plaintes envisage aussi une poursuite au civil "d'un à deux millions de dollars", pour diffamation, contre M. Galganov.

Ce dernier a affirmé à certains médias anglophones que la renommée de M. Rhéaume était due au fait qu'il avait "marché la distance entre Montréal et Québec pour simplement uriner sur la statue du général britannique James Wolfe".

Le principal intéressé nie catégoriquement avoir laissé sa marque sur la statue.

"M. Galganov est un homme dangereux qui pourrait déstabiliser l'ordre social à Russell", a averti M. Rhéaume, qui ne souhaite rien de moins que de le chasser de l'Ontario.

jfdugas@ledroit.com