À l'inverse des Québécois qui se sont plaints du mauvais temps, ni la pluie ni les nuages n'ont assombri l'été sans fausse note de Jean Charest. La popularité de son gouvernement atteint un sommet et sa cote personnelle est si haute que ses adversaires sont maintenant loin derrière. Si un scrutin avait eu lieu ces jours derniers, les libéraux auraient même été élus à la tête d'un gouvernement majoritaire, révèle le plus récent sondage CROP-La Presse.

Effectué du 14 au 24 août auprès de 1003 répondants, le coup de sonde place les troupes de Jean Charest, après répartition des indécis, à 42% dans les intentions de vote, 10 points de pourcentage devant le Parti québécois à 32%. L'ADQ maintient un faible résultat de 17%, répétant son score du mois de juin. Le Parti libéral, lui, grimpe de 6 points de pourcentage par rapport à la dernière enquête CROP, au début de l'été. Les tiers partis perdent aussi des plumes, mais, étonnamment, la désaffection envers Québec solidaire, qui chute de 8% à 3% en deux mois, semble davantage profiter aux libéraux qu'au PQ.

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La satisfaction à l'égard du gouvernement fait aussi un grand bond, atteignant 61%. Le même taux avait été atteint en mars pour la première fois depuis que M. Charest est à la tête du Québec. Il y a un an, en août 2007, à peine plus de quatre Québécois sur 10 se disaient satisfaits des troupes libérales.

Dans le 450, alors qu'en juin ils étaient à égalité avec le Parti québécois, les libéraux dominent maintenant largement. Le même phénomène se produit à Québec et en région, où les troupes de Jean Charest effectuent une nette remontée dans des bastions respectivement adéquiste et péquiste.

«Le Parti libéral est en train de rejoindre le Parti québécois même dans sa clientèle la plus sûre, la plus fiable: les francophones», souligne Claude Gauthier, vice-président de CROP. Dans ces circonstances, aucun doute que les libéraux formeraient un gouvernement majoritaire si des élections générales avaient eu lieu dans les derniers jours, selon lui.

«On a l'impression d'avoir beaucoup vu M. Charest cet été, et dans toutes sortes d'occasions de fêtes, de réjouissances. Il a eu beaucoup de plaisir à participer au 400e anniversaire de Québec. Il a l'air heureux, détendu, moins agressif et plus connecté sur les gens, explique l'analyste. Tout cela a eu des retombées positives.»

La démission de Philippe Couillard, fin juin, celle du président de l'Assemblée nationale, Michel Bissonnet, trois semaines plus tard, ne semblent pas avoir affecté ni le gouvernement, ni la popularité du chef, qui continue de gagner des points. Pour quatre Québécois sur dix (39%), Jean Charest est le meilleur premier ministre pour le Québec. Il creuse d'ailleurs l'écart avec la chef péquiste, Pauline Marois, qui récolte l'appui de 30% des répondants, en baisse de trois points sur le printemps dernier. Mauvaise nouvelle pour le chef adéquiste, Mario Dumont: il stagne à 14%, légèrement en dessous des intentions de vote pour son parti. Le quart des électeurs adéquistes pensent même que M. Dumont n'est pas le chef le plus apte à gouverner le Québec. «Le parti est en perte de vitesse, il y a des doutes qui commencent à s'installer, il y a des gens qui se demandent si le chef fait encore l'affaire», analyse M. Gauthier.

Frasques du PQ

Quant au PQ, les frasques de l'été (critique de la venue de Paul McCartney, épisode des drapeaux à Pékin) semblent avoir laissé une image négative. Précis à trois points de pourcentage près, le sondage CROP donne aussi raison au député François Legault, qui a affirmé la semaine dernière que les Québécois sont davantage préoccupés par des questions de santé et d'éducation que par la souveraineté du Québec. L'option perd des points, à 36% en août, contre 40% en juin.

Avec de tels résultats il est clair, pour Claude Gauthier, que le seul qui aurait intérêt à déclencher des élections au Québec est le premier ministre lui-même, qui a encore répété hier qu'il ne voulait pas d'un scrutin en 2008. «Je vois mal comment les autres partis pourraient se réjouir», conclut l'analyste.