Depuis le début de l'année, elle défonce les barrières. Première Québécoise à gagner un match dans un tournoi du Grand Chelem et première Québécoise à gagner un tournoi de la WTA, elle est devenue la joueuse la mieux classée de l'histoire du tennis québécois. Mais pour Aleksandra Wozniak, 20 ans, il reste d'autres barrières à briser.

Alors qu'elle était âgée de 3 ans, son père Antoni lui a mis une raquette dans les mains. À peu près 17 ans plus tard (cela nous mène au dimanche 20 juillet 2008), Aleksandra Wozniak soulevait le bol de cristal réservé à la gagnante du tournoi de Stanford, un tournoi de la WTA (le circuit de l'élite féminine du tennis) auquel participaient quelquesunes des meilleures raquettes au monde.

Pour accéder au tableau principal de ce tournoi, la Blainvilloise a dû jouer trois matchs de qualification. Qu'elle a tous remportés. Plus rien ne l'a arrêtée par la suite. Ni Francesca Schiavone (20e au monde), ni Marion Bartoli (15e), pas même Serena Williams (5e).

Pour saluer cet exploit et pour souligner la détermination et le travail qui lui ont permis de le réaliser, La Presseet Radio-Canada nomment Aleksandra Wozniak Personnalité de la semaine.

Percer

Au printemps 2007, Aleksandra Wozniak avait atteint la finale du tournoi de Fès, au Maroc. Elle n'avait toutefois pas réussi à tirer profit de ce bon résultat.

À la fin du mois de mai dernier, sur la terre battue du stade Roland-Garros (sa surface préférée), elle a fait une percée en atteignant le troisième tour des Internationaux de France (un des quatre tournois du Grand Chelem).

Elle avait assuré à La Presse qu'elle allait capitaliser sur cette performance, cette fois. «Je suis plus mature que l'an dernier, disait-elle. Ça vient avec l'âge, j'imagine.»

Elle avait raison. Elle a par la suite gagné un match sur le gazon de Wimbledon (un autre tournoi majeur) avant de se lancer dans sa chevauchée de Stanford.

Après le point final de la finale contre Marion Bartoli, Wozniak a sobrement levé le poing. «Je ne suis pas très démonstrative, a-t-elle expliqué après le match. Je suis comme ça depuis que je suis toute petite. Ça m'aide à maîtriser mes émotions et à jouer du bon tennis.»

Se relever

Les résultats de Wozniak cette saison sont d'autant plus remarquables que l'athlète a vécu une saison de misère en 2007. Les blessures se succèdent, les résultats ne sont pas là. Elle quitte le top 100 mondial après l'avoir atteint l'année précédente.

Mais elle se remet en selle. Elle met fin prématurément à sa saison afin de se consacrer au conditionnement physique, une décision dont elle profite encore près d'un an plus tard.

Résolue et déterminée, Wozniak sait qu'elle doit trimer dur pour gagner. «Aleksandra travaille fort», a dit à La Presse le vice-président du développement de l'élite de Tennis Canada, Louis Borfiga, après la victoire de Wozniak contre Serena Williams. «Quand elle s'entraîne, elle est au parc Jarry de 8h à 16h. Elle se donne toujours à fond.»

Gravir les échelons

Entraînée depuis toujours par son père, Antoni (sauf durant un bref intermède la saison dernière), Aleksandra Wozniak s'est bâti un palmarès enviable. Troisième joueuse junior au monde en 2005, elle a atteint la demi-finale junior des Internationaux d'Australie (un tournoi du Grand Chelem).

Trois ans plus tôt, elle avait décroché le titre de championne canadienne des moins de 18 ans. Elle n'en avait que 14.

Celle qui se décrit comme «bien organisée, positive et perfectionniste» a fait du chemin depuis, mais il en reste à faire.

Après trois ans à bourlinguer chez les pros, elle est maintenant la 45e joueuse au monde. Mais elle veut être dans le top 10 mondial, et les prochaines marches ne seront certainement pas plus faciles à monter que les précédentes. Il faudra d'autres percées dans des tournois importants.

Ce pourrait être dès cette semaine, à la Coupe Rogers deMontréal, où elle n'a toutefois remporté qu'un seul match depuis 2003. Sauf que, contrairement aux autres années, elle s'y présente en tant que joueuse du top 50, en tant que gagnante d'un tournoi WTA et en tant que vedette montante du tennis.

L'appui des partisans de chez elle sera sans doute à la hauteur de ses accomplissements.