La dernière rencontre du G8 s'est déroulée récemment au Japon. Nos leaders débattaient des grands enjeux de l'humanité. Selon les analystes, les résultats sont nuls, dilués dans une litanie de voeux pieux, une copie-collée des sommets précédents. Pouvions-nous espérer mieux? Berlusconi (Italie), Bush (USA), Sarkozy (France), Harper (Canada), Medvedev (Russie), Brown (Angleterre), Merkel (Allemagne) et Fukuda (Japon) ont conclu leurs discussions en camouflant leur manque de leadership sous des prétentions de progrès. Nous ne pouvions nous attendre à mieux de cette équipe pee-wees.

Retournons dans le temps, et imaginons-nous qu'un tel sommet se soit tenu dans les années 60. Rassemblons huit leaders mondiaux qui à l'époque faisaient l'actualité: De Gaulle (France), Adenauer (Allemagne), J.F. Kennedy (USA), Pearson ou Trudeau (Canada), Nehru (Inde), Nasser (Égypte), Khrouchtchev (URSS), Wilson (Angleterre) et demandons-leur de débattre des enjeux humanitaires. Pouvons-nous imaginer les résultats qui auraient émergé de leurs délibérations? Nous pouvons toujours prétendre que des conflits existaient à l'époque, que les divergences étaient nombreuses et que le contexte était différent, mais la vision émanant de ces hommes inspirait un respect à la grandeur de la planète. Aucun de nos pee-wee n'arrive à la cheville d'un membre de l'équipe des années 60.

Et c'est là le cul-de-sac dans lequel l'humanité se retrouve actuellement. Aucun, mais aucun des leaders présentement ne peut projeter une vision qui inspire les populations. C'est le vide absolu, zéro, néant.

Je sais qu'il est toujours injuste de comparer deux époques, mais faisons l'exercice. Prenons l'exemple du Canada à travers ces deux époques: P.E. Trudeau et Stephen Harper. Je n'ai jamais été un fan de M. Trudeau comme premier ministre, mais comme homme 'État il n'avait pas son pareil pour influencer les grandes orientations mondiales. Il était un acteur respecté et imposant sur la scène mondiale. À l'opposé, M. Harper fait figure d'un gérant de dépanneur de quartier. Je m'excuse auprès des gérants des dépanneurs. M. Harper a un projet pour 2050, alors que nous serons pour la plupart d'entre nous disparus sous les sables éternels ou bitumineux. Inspirante et mobilisatrice, la vision de M. Harper? En 2050, dans quel état se retrouvera la planète de M. Harper? Nous pouvons présumer que certaines contrées seront immergées sous les eaux des océans. Mais que cela ne tienne, l'Alberta aura engrangé des surplus faramineux.

M. Trudeau était un acteur important et dynamique sur la scène mondiale, M. Harper y fait de la figuration tout au plus. Que l'on ait été d'accord ou pas avec M. Trudeau comme premier ministre, celui-ci voulait bâtir une société juste, c'était l'un de ses slogans, il fabulait sur un Canada bilingue "coast to coast" et certains de ses projets de loi furent marquants pour le développement social canadien. Ça pouvait être inspirant en bout de ligne. M. Harper, à l'opposé, réécrit et récupère l'Histoire à sa façon: "Champlain, premier gouverneur du Canada", épouse l'idéologie de la droite religieuse américaine, fait perdre toute crédibilité au Canada sur la scène internationale, s'inspire des valeurs des "rednecks" de l'Ouest pour façonner son Canada. Nous sommes à des années-lumière de ce qui fut jadis "le plusss meilleur pays du monde".

Nous sommes actuellement dirigés à la grandeur de la planète, et tout spécialement au Canada, par des représentants qui n'ont aucune espèce de vision rassembleuse qui aurait comme effet de semer l'espoir. En lieu et place, nos pee-wees cultivent les affrontements, investissent des milliers de milliards de dollars dans leurs efforts de guerre au lieu de combattre les inégalités et la pauvreté, polluent l'actualité avec leurs discours insipides et ne respectent nullement leurs engagements.

Et tous les espoirs se retournent vers Barack Obama qui aura le défi de relever le calibre d'une telle équipe, s'il est élu. Nous lui souhaitons de meilleurs coéquipiers.

Bernard Fournelle

Granby