Le nombre des autobus urbains immobilisés par des problèmes mécaniques ou qui sont en attente d'une inspection générale dépasse de 50 % la cible nécessaire pour assurer la totalité des services prévus tous les jours par la Société de transport de Montréal (STM).

Selon le vice-président du syndicat des employés d'entretien de la STM, Luc Saint-Hilaire, le parc d'autobus de la STM comptait hier matin pas moins de 415 véhicules qui n'étaient pas en état de prendre la route, alors que ce nombre ne devrait pas dépasser 277 pour assurer une couverture complète des services aux usagers du plus gros transporteur urbain du Québec.

Joint par La Presse hier pour commenter les inquiétantes conclusions d'un rapport de la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) sur l'état des véhicules de la STM, rendu public par The Gazette, M. Saint-Hilaire a reconnu que depuis la production de ce rapport d'inspection datant de 2006, les pratiques d'entretien et la sécurité des autobus se sont considérablement améliorées.

Selon The Gazette, le rapport d'inspection des autobus de la STM par la SAAQ au printemps de 2006 a relevé de nombreux problèmes de sécurité sur ces véhicules. Sur les 41 autobus choisis au hasard, la SAAQ a relevé 16 cas de défectuosités majeures (pneus, freins), et pas moins de 180 vices mineurs (clignotants, phares, etc.), qui furent signalés à la STM. De plus, un suivi effectué par le même inspecteur de la SAAQ sur cinq autobus de ce groupe un mois après sa première visite n'avait révélé à l'époque aucune amélioration notable de l'état mécanique de ces véhicules.

À la STM, hier, le directeur de l'exploitation des réseaux, Carl Desrosiers, a affirmé que la moyenne des véhicules inspectés par la SAAQ il y a deux ans avait déjà parcouru entre 11 000 et 12 000 kilomètres depuis leur dernière inspection générale. «À l'époque, la norme gouvernementale nous obligeait à faire une inspection complète du véhicule après 10 000 kilomètres. Mais dans les faits, il existait une tolérance qui nous permettait d'aller jusqu'à 13 000 kilomètres avant de le rentrer au garage.»

Une telle situation, affirme-t-il, ne serait plus possible de nos jours. Les véhicules sont systématiquement retirés du circuit après 10 000 kilomètres de route et subissent la révision majeure de tous les éléments mécaniques ainsi qu'un remplacement de toutes les pièces usées ou défectueuses avant de reprendre la route.

Le vice-président du syndicat (CSN) des employés d'entretien confirme d'emblée les propos de M. Desrosiers.

«Aujourd'hui, à la STM, assure-t-il, les autobus ne sortent plus s'ils ne sont pas en état de rouler. Les normes d'entretien ont été resserrées depuis 2006, et nous avons fait des progrès réels. Mais le fait de resserrer les critères et d'améliorer la sécurité des autobus a fait en sorte que moins d'autobus sont disponibles, chaque jour, pour le service. Le retard accumulé dans l'entretien des autobus depuis cinq ou six ans n'a jamais été rattrapé.»

Pour cette raison, Luc Saint-Hilaire n'est pas optimiste quant à la disponibilité des autobus nécessaires pour assurer l'ensemble des services de la STM lors de la rentrée du mois de septembre. Or, la prochaine rentrée, qui doit se faire sous le signe des transports en commun, dans un contexte d'augmentation des coûts de l'essence, risque de constituer un tournant pour la STM.

En septembre, la STM prévoit augmenter la fréquence de passages des autobus sur plusieurs de ses circuits réguliers dans les plages horaires qui précèdent ou qui suivent de près les périodes de pointe, de même que durant les périodes hors pointe de l'avant-midi, de l'après-midi et du soir. Cette augmentation de la fréquence et des heures de service des autobus est projetée dans le cadre d'un plan de développement de la clientèle de cinq ans, subventionné par le Fonds vert du gouvernement du Québec, et qui prévoit hausser l'offre de service totale de la STM de 16 %.

M. Saint-Hilaire n'y croit pas. Selon le syndicaliste, «ce serait possible de réduire le nombre des véhicules non disponibles à chaque jour en six mois moyennant certaines modifications des façons de faire de la part de l'employeur. Dans les conditions actuelles de gestion des ateliers, nous ne pourrons pas y arriver.

Pour sa part, le «numéro 2» de la STM, Carl Desrosiers, admet que les objectifs du plan de développement des services pourraient être difficiles à atteindre dès la rentrée de septembre. Il affirme toutefois qu'en devançant certains investissements, notamment grâce au gouvernement du Québec, environ 100 autobus neufs sont attendus à la STM d'ici Noël au lieu des 50 nouveaux véhicules qui avaient été prévus d'ici la fin de 2008.

Ces véhicules remplaceront surtout des autobus à plancher surbaissé de première génération qui ne sont en fonction que depuis une dizaine d'années, mais dont la fiabilité a toujours fait défaut. La STM compte plus de 400 de ces autobus (appelés APS-1). Cela représente presque un véhicule sur quatre dans l'ensemble de la flotte.