Les avocats d'un adolescent canadien détenu à la base américaine de Guantanamo, à Cuba, affirment que des documents nouvellement rendus publics démontrent que le Canada était au courant que leur client était privé de sommeil pendant des semaines afin qu'il soit plus docile lors de ses interrogatoires.

Selon des documents militaires américains, un responsable canadien, Jim Gould, a rendu visite à Omar Khadr à Guantanamo, en 2004, et on lui a dit que des mesures étaient prises afin de faire en sorte que l'adolescent de 17 ans soit plus souple et davantage disposé à parler.

«Pour le rendre plus souple et prêt à parler, (nom censuré) a placé (Omar) dans le «programme pour grands voyageurs', peut-on lire dans le rapport. Dans les trois semaines ayant précédé la visite de M. Gould, (Omar) n'est pas resté plus de trois heures au même endroit. Chaque trois heures, il était transféré dans un autre pavillon cellulaire, ce qui l'empêchait de profiter de sommeil ininterrompu et le forçait à changer continuellement de voisins.»

Les documents permettent également d'apprendre que M. Gould s'était fait dire que Khadr serait isolé pendant une période prolongée avant la tenue de son prochain interrogatoire.

Le mois dernier, un juge de la Cour fédérale du Canada a statué que le traitement réservé par les autorités militaires américaines au jeune Khadr à la base de Guantanamo allait à l'encontre des lois internationales sur la torture.

Dans sa décision, le juge Richard Mosley a indiqué que les méthodes employées par les instances militaires américaines pour préparer Khadr à ses interrogatoires, en présence de représentants du gouvernement du Canada, n'avaient pas respecté les lois sur les droits de la personne, notamment les Conventions de Genève.

L'avocat Dennis Edney croit que les documents devraient inciter le gouvernement de Stephen Harper à demander à Washington de libérer Khadr et de le renvoyer au Canada.

«Nous voulons que les Canadiens soient au courant des agressions subies par ce jeune homme, a expliqué Me Edney à La Presse Canadienne. Le gouvernement fédéral, au nom des Canadiens, doit ramener ce jeune homme à la maison.»

Me Edney et d'autres avocats de Khadr ont demandé que soient diffusés les documents concernant ses interrogatoires pour l'aider dans sa défense.

«Pendant des années, le gouvernement du Canada a menti au peuple canadien en répétant, encore et encore, que le gouvernement américain l'avait assuré que ce jeune homme était bien traité», a déploré M. Edney.