Le député François Legault a causé une surprise mercredi en soutenant que le Parti québécois devait mettre de côté le projet souverainiste, obligeant la chef Pauline Marois à corriger le tir.

À son arrivée au caucus des députés péquistes à Bécancour, M. Legault a affirmé que la formation souverainiste n'avait d'autre choix que de mettre en veilleuse son option fondamentale, en raison du niveau de cynisme de la population envers la classe politique.

Selon lui, il n'est pas réaliste de proposer un projet collectif de cette ampleur dans de telles conditions de «crise de confiance».

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«Les gens disent: attendez avant de m'embarquer dans un grand changement, y a-t-il moyen de régler les problèmes en santé, dans nos écoles, les inquiétudes quant à l'économie», a expliqué M. Legault, qui plaide plutôt pour la confection d'un plan de bon gouvernement.

«Il faut peut-être malheureusement y aller en deux étapes. Il faut d'abord rebâtir la confiance et proposer une alternative, des projets de gouvernance», a-t-il enchaîné, répétant «qu'il faut comprendre qu'il n'y a pas d'ouverture pour la présentation d'un projet collectif».

Il a ajouté du même souffle qu'il croyait tout de même que le Québec «a toujours besoin de devenir un pays».

Les propos du député ont créé un malaise chez certains de ses collègues qui n'ont pas voulu commenter sa sortie. Daniel Turp, pour un, cachait mal son agacement.

En conférence de presse plus tard en journée, Pauline Marois s'est empressée de corriger le tir, affirmant que les députés avaient «le goût de remettre la souveraineté à l'ordre du jour le plus rapidement possible».

La chef a d'ailleurs signalé que des comités de travail avaient été mis sur pied afin de plancher sur un manifeste pour la souveraineté devant être présenté en octobre, à l'occasion du 40e anniversaire du parti.

Des outils de promotion de la souveraineté seront alors dévoilés.

Mme Marois ne partage pas la perception du député Legault quant au degré de morosité des Québécois. À son avis, «les gens recherchent justement de nouveaux défis, ont le goût de se mobiliser autour de nouveaux projets qui vont les emballer».

Elle a dit ne pas s'inquiéter du taux d'appui à l'indépendance du Québec qui stagne à 40 pour cent dans les sondages, une performance qui n'est pas si mal, selon elle, dans un contexte «où on a devant nous un gouvernement qui fait tout pour miner le projet».

La chef a aussi affirmé que le public demeure intéressé par la souveraineté, surtout lorsqu'on lui fait comprendre, exemples à l'appui, que le Québec ne dispose pas de tous les pouvoirs lui permettant d'agir dans ses intérêts.

Le chef bloquiste Gilles Duceppe, qui a rencontré les députés péquistes en après-midi, a aussi pris ses distances des propos de François Legault, précisant que les souverainistes ne peuvent demeurer muets sur le projet qui les rassemble.

«Il a dit que ça demeure pertinent, alors, si c'est pertinent, il faut en parler. C'est quand on ne parle pas des choses que le cynisme s'installe», a déclaré M. Duceppe.

Pour sa part, le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, a saisi l'occasion pour se moquer des divergences de vue au sein du PQ.

«M. Legault a écouté les Québécois pas mal plus que ses collègues cet été», a commenté M. Dumont, en soutenant que le député de Rousseau fait une juste lecture de ce que veulent les citoyens.

Pauline Marois, dès son arrivée à la tête du PQ après la déconfiture de l'élection de mars 2007, avait choisi d'écarter toute notion d'échéancier référendaire.

Elle disait toutefois que le parti devait concentrer ses efforts à convaincre les Québécois de la pertinence de son option.