L'ampleur de l'émeute de dimanche à Montréal-Nord inquiète les experts, d'autant plus que les événements prennent une tournure «raciale».

La violence des manifestations montre que le degré d'affrontement est monté d'un cran entre la police et les jeunes, croit le criminologue Benoît Dupont. «Cinq coups de feu tirés par la police en l'espace de quelques heures, c'est parfois ce qui est recensé en un an», dit-il.

Travailleur de rue dans le quartier voisin de Saint-Michel, Jean-Yves Sylvestre craint même que les jeunes de Montréal-Nord s'allient à ceux de Saint-Michel. «S'il y a une alliance, il y aura beaucoup de grabuge», prévient celui qui travaille à la Maison d'Haïti.

Selon lui, les incidents ne font que commencer. «Les jeunes veulent passer le message qu'ils en ont marre de se faire prendre pour des idiots», dit. M. Sylvestre.

Benoît Dupont préfère parler d'émeute sociale plutôt que raciale. Les relations tendues entre la police et les habitants de Montréal-Nord sont à la source du ras-le-bol collectif d'hier, selon lui. «C'est la façon d'intervenir des policiers qui pose un problème», ajoute-t-il.

Reste que ces interventions ont très souvent lieu auprès des jeunes issus de communautés ethniques, selon le directeur Centre de recherche-action sur les relations raciales, Fo Niemi.

«Dans Montréal-Nord, on a beaucoup de plaintes de gens qui se font interpeller pour des incivilités. Par exemple, de jeunes Haïtiens reçoivent des contraventions uniquement parce qu'ils ont craché par terre», illustre-t-il.

«Les jeunes déplorent qu'on les prend tous pour des membres de gangs de rue», dit Jean-Claude Icart, chercheur au Centre de recherche sur l'immigration, l'ethnicité et la citoyenneté.