Ce n'est pas arrivé souvent et cela ne se reproduira peut-être plus: le premier ministre Stephen Harper a été invité à s'inspirer de la diplomatie de George W. Bush, vendredi.

M. Harper brillait par son absence à la cérémonie d'ouverture des Jeux olympiques, à laquelle bon nombre des leaders mondiaux ont assisté. Pékin en attendait plus de 80.

Pendant ce temps, au Canada, le premier ministre est resté introuvable.

Or, si cette absence n'a pas été relevée par les autorités chinoises, elle a été remarquée de ce côté-ci du monde. Experts et politiciens ont été nombreux à la critiquer.

«Dans un monde de géants qui émergent sur les fronts économique, social et politique, la dernière chose que nous puissions nous permettre, c'est de ne pas nous faire remarquer», a déploré Errol Mendes, professeur de droit international à l'Université d'Ottawa.

Selon lui, le Canada risque précisément de passer inaperçu s'il persiste dans son amateurisme en matière de relations avec la Chine.

Comme le professeur Mendes, Bob Rae, critique libéral en matière d'affaires étrangères, estime que le premier ministre aurait mieux fait de prendre l'exemple du président américain. George W. Bush a assisté à la cérémonie d'ouverture, vendredi. Mais il a profité d'un discours prononcé en Thaïlande, la veille, pour rappeler à la Chine ses obligations en matière de droits de l'homme.

«Ce ne sont pas les Chinois qui sont isolés, en ce moment, c'est M. Harper», a déploré M. Rae.

Le député libéral estime que le premier ministre a raté l'occasion de faire d'une pierre deux coups. «D'abord, il aurait pu dire quelque chose de beaucoup plus profond sur la liberté en Chine. Ensuite, il aurait pu engager avec les dirigeants chinois un dialogue sur l'avenir. Les autres pays ont pris avantage de cette occasion. M. Harper l'a manquée.»

Où est Stephen Harper?

Mis à part les relations internationales, une autre question s'est posée vendredi;: où est Stephen Harper ?

Le premier ministre avait annoncé dès le mois d'avril qu'il n'assisterait pas à la cérémonie d'ouverture des Jeux de Pékin. Bien qu'il ait affirmé que son geste n'était pas un boycottage, il n'en a jamais donné la raison précise.

«Il doit être en route pour la cérémonie de clôture!» a ironisé le député néo-démocrate Thomas Mulcair.

La seule démarche publique du premier ministre pendant la journée a été l'envoi

d'un communiqué de presse. Le document, citant M. Harper, a annoncé une association entre son gouvernement et le gouvernement de l'Ontario pour l'obtention des Jeux panaméricains en 2015.

À son bureau, son nouveau directeur des communications, Kory Toneycke, a répété ce qu'il avait dit la veille: une délégation de haut calibre a été envoyée en Chine pour représenter le Canada; et pas question de dire ce que le premier ministre faisait de sa journée.

Au bureau de circonscription de Stephen Harper ou aux locaux du Parti conservateur, personne n'a pu dire où il se trouvait.

«Si M. Harper est en train d'envoyer un signal là-dessus, qu'il soit clair. Mais pour l'instant, il fait tout pour escamoter ce signal», a déploré M. Mulcair.

Selon lui, l'emploi du temps de M. Harper en cette huitième journée du huitième mois de 2008 sera tôt ou tard dévoilé. «Alors, pourquoi attendre?» a-t-il demandé.