Un regroupement d'une trentaine de personnalités du monde médical a réaffirmé dimanche leur appui au maintien et à l'amélioration du système de santé public, accessible à tous, sans égard à leur capacité de payer.

A la veille de l'ouverture de l'assemblée annuelle de l'Association médicale canadienne (AMC), réunie cette semaine à Montréal, le groupe appelé Médecins québécois pour le régime public (MQRP) a présenté un document intitulé la «Déclaration de Montréal», un plaidoyer en faveur de solutions qui préservent les valeurs d'équité et de justice.

Selon le porte-parole de ce regroupement, le Dr Simon Turcotte, le contexte actuel, à la suite du jugement Chaouli, de la loi 33 et du rapport Castonguay, laisse entrevoir un changement de politiques, plus orientées vers la privatisation des soins de santé.

«Notre lecture des derniers événements, c'est qu'au lieu d'encourager la mise en place de solutions attendues pour améliorer le système public, on se dirige plutôt vers un changement radical dans l'économie générale du système. Un changement que nous estimons non souhaitable», précise le Dr Turcotte.

Il trouve inquiétant de voir se développer un marché de l'assurance privée pour des soins déjà couverts par le régime public et la mise en place d'un cadre légal pour l'essor d'établissements privés à but lucratif.

«La combinaison de ces deux éléments peut mener à une offre de services parallèles. Mais plus certainement, elle menace l'intégrité du système public. Ce qui est derrière le rapport Castonguay et le projet-pilote mis de l'avant par le ministre (Philippe) Couillard, c'est en fait le développement d'un marché interne de soins de santé où l'hôpital ou la région achète des soins dans des cliniques privées à but lucratif. Or, dans les pays où l'on a adopté ce type de politiques, l'expérience s'est avérée très coûteuse, déstabilisante pour le système de santé en plus de favoriser la fragmentation des soins. Ce ne sont pas des solutions qui intègrent tout le continuum de soins», a expliqué le Dr Turcotte.

Le médecin espère que cette action suscitera l'implication de la profession médicale dans le débat sur la privatisation des soins lors de l'assemblée de l'AMC. Il souhaite aussi rappeler au nouveau ministre de la Santé, Yves Bolduc, et au grand public qu'un groupe substantiel de médecins au Québec ne sont pas des médecins-entrepreneurs et qu'ils croient à l'amélioration du système public comme moyen pour offrir des soins à un plus grand nombre.

«On veut que ce soit clair pour le ministre qu'il y a une majorité de médecins qui appuient l'amélioration du système public et qui souhaitent agir en ce sens-là. Ce n'est pas parce qu'une minorité de médecins-entrepreneurs, qui occupent des postes importants et qui font la promotion de leur option dans les médias, que cela représente la majorité de l'opinion des médecins. Comme on le dit dans notre déclaration, ils sont majoritairement guidés par des valeurs d'équité, de justice et de compassion pour la majorité de leurs patients qui n'ont pas les moyens de se payer des soins privés ou une assurance privée», affirme Le Dr Turcotte.