Le Grand Montréal, le sud de l'Ontario et le «Lower Mainland» de la Colombie-Britannique sont les principaux centres de criminalité au Canada, révèle le Rapport 2008 sur le crime organisé du Service canadien de renseignements criminels (SCRC), rendu public vendredi à Montréal.

Le marché illicite de la drogue demeure le crime le plus important du point de vue de l'étendue et du degré d'implication des groupes du crime organisé, comme les gangs de rue.

Le rapport, rédigé à partir de rapports de police à travers le pays, estime que bon nombre d'organisations criminelles ont la capacité d'exercer leurs activités à l'échelle internationale.

Les activités du crime organisé se complexifient également. Plusieurs groupes exploitent et manipulent des personnes ou des organismes possédant les aptitudes nécessaires à la perpétration de certains crimes comme la fraude en valeurs mobilières, la contrefaçon et la fraude hypothécaire.

Le vol d'identité est aussi de plus en plus courant au Canada. Pour parvenir à leurs fins, les groupes criminels volent du courrier, fouillent même les poubelles ou extraient des renseignements d'appareils électroniques perdus ou volés, comme des ordinateurs.

En 2007, le vol d'identité a fait au moins 10 000 victimes connues au pays.

Cette année, tout comme l'an dernier, le SCRC a recensé près de 900 groupes criminels, qui oeuvrent principalement dans ces trois régions du pays.

Par ailleurs, le crime organisé se tourne de plus en plus vers l'environnement au Canada, une nouvelle branche du crime organisé qui est très lucrative.

Le rapport du SCRC publié vendredi indique que les réseaux criminels ont développé un marché clandestin de déchets électroniques (ou e-dechets) et de ressources naturelles peu abondantes.

Le rapport annuel révèle que ces nouveaux marchés servent de complément aux sources de revenu plus traditionnelles, comme la vente de stupéfiants.

«Les réseaux criminels peuvent augmenter leurs profits en collectant des e-dechets dans des pays développés comme le Canada et en les revendant par la suite à des 'recycleurs» dans des pays en voie de développement», est-il expliqué dans le rapport du SCRC.

«Cette pratique viole les lois canadiennes et internationales», y a-t-il d'ajouté.

Le rapport n'offre pas de chiffres quant aux revenus engendrés chaque année par le trafic et l'élimination illégale d'ordinateurs, de télévisions et de téléphones cellulaires. Le SCRC prévient toutefois que ce genre d'activité augmentera à nouveau à compter de l'an prochain, puisque les nouveaux règlements de diffusion numérique au Canada et aux Etats-Unis enverront des millions de télévisions dans les poubelles nord-américaines.

«L'une des raisons pour lesquelles le crime organisé a tant de succès, c'est parce qu'il s'adapte très bien sans néanmoins laisser de côté ses marchés traditionnels», a indiqué le commissaire à la GRC, William Elliott, qui préside la SCRC.

Le Programme des Nations Unies pour l'environnement estime qu'entre 20 et 50 millions de tonnes de e-dechets sont produits dans le monde chaque année. Les autorités s'inquiètent également de la façon dont les recycleurs du marché noir gèrent les objets électroniques qu'ils reçoivent.

Une grande part des e-dechets du Canada, souvent extrêmement toxiques, prend la route pour l'Asie et l'Afrique.

Le SCRC prévient que le crime organisé menace également les ressources naturelles du Canada. Les réseaux criminels auraient entrepris le braconnage et l'exploitation illégale des ressources.

Les forêts canadiennes, qui sont abondantes, isolées, accessibles par plusieurs routes et peu surveillées par les autorités, seraient désormais une cible facile des groupes qui cherchent à profiter de la hausse vertigineuse des prix d'animaux rares sur le marché noir.

Le crime environnemental est donc devenu l'une des priorités de la communauté internationale d'application de la loi. L'Organisation mondiale des douanes a décidé, au printemps dernier, d'encourager ses membres, dont le Canada, à créer des unités spécialisées pour s'occuper du problème.