Brûlant d'envie d'en découdre avec les conservateurs de Stephen Harper durant une campagne électorale, les libéraux mettent les bouchées doubles depuis quelques semaines afin de liquider la lourde dette que traînait leur chef Stéphane Dion depuis la dernière course à la direction du Parti libéral.

L'effort des troupes libérales à Montréal, en Ontario et dans les provinces de l'Atlantique est tel que Stéphane Dion est en bonne voie de rembourser la totalité de cette dette d'ici quelques semaines et pourrait même y arriver dès septembre.

Résultat: M. Dion aura sous peu les coudées franches pour déposer une motion de censure aux Communes contre le gouvernement conservateur minoritaire de Stephen Harper s'il le désire, vraisemblablement sur la délicate question de l'environnement, et provoquer la tenue d'élections générales cet automne.

M. Dion souhaitait régler ce problème avant de partir en campagne électorale. Les députés libéraux, qui sont de plus en plus affamés, le voulaient aussi.

«Les députés ont bien compris qu'ils vont faire les élections avec M. Dion, alors ils ont décidé de mettre la main à la pâte afin de le libérer de ses dettes et d'obtenir ainsi des élections le plus vite possible. Si M. Dion gagne l'élection, il sera premier ministre. S'il perd, les libéraux vont pouvoir passer à autre chose», a expliqué à La Presse hier une source libérale.

Selon des stratèges libéraux, M. Dion aurait de la difficulté à rembourser sa dette après une dure campagne électorale si les conservateurs réussissaient à se maintenir au pouvoir à l'issue des prochaines élections.

La Presse a révélé en juillet que M. Dion avait réussi à rembourser en trois mois, soit d'avril à juin, quelque 331 110$ des 560 000$ qu'il devait encore à ses créanciers 18 mois après avoir remporté la course au leadership du Parti libéral. Au début de l'été, il lui ne restait donc que 230 000$ à rembourser.

Tous les députés ont véritablement mis du leur afin de venir à bout de ce boulet financier. Même les principaux adversaires de M. Dion dans la course au leadership, Bob Rae, Michael Ignatieff et les autres, ont accepté de faire leur part au cours des dernières semaines.

Au-delà du fait que des députés libéraux veulent partir en campagne, cela faisait du tort au parti que le chef traîne encore une telle dette. «Il y a des gens sérieux qui ont aussi pris cela en main. La dette devrait être réglée en septembre, peut-être même avant la rentrée du 15 septembre», a affirmé la source libérale.

Stéphane Dion a passé les dernières semaines à sillonner le pays afin d'expliquer les grandes lignes de son plan en matière d'environnement, le Tournant vert. Ce plan, qui propose d'imposer une taxe sur le carbone sur les matières polluantes et d'utiliser l'argent récolté, environ 15 milliards, pour réduire les impôts des contribuables et des entreprises, pourrait être l'enjeu principal de la prochaine campagne électorale.

Le chef libéral a aussi indiqué que les Canadiens semblent maintenant prêts à juger le bilan du gouvernement Harper et à se rendre aux urnes.

Le premier ministre Stephen Harper a pour sa part indiqué qu'il n'écartait pas la possibilité de se rendre lui-même chez le gouverneur général afin de demander la dissolution du Parlement si M. Dion ne cessait pas de brandir des menaces de renverser son gouvernement sans y donner suite.

Pour provoquer la tenue d'élections, les libéraux de Stéphane Dion devront obtenir une journée de l'opposition durant la prochaine session parlementaire et déposer une motion de censure. Ils devront aussi obtenir l'appui du Bloc québécois et du NPD pour retirer la confiance de la Chambre des communes envers le gouvernement Harper.

Le NPD et le Bloc québécois devraient appuyer la démarche des libéraux s'ils vont de l'avant.

Chose certaine, tous les partis politiques fourbissent maintenant leurs armes en prévision d'un scrutin automnal. Le NPD a même annulé son congrès national qui devait avoir lieu à Halifax en novembre. Ce congrès est maintenant prévu pour août 2009 dans la capitale de la Nouvelle-Écosse.