De la Gaspésie à l'Outaouais, les festivals régionaux vivent un été de vaches maigres. Le 400e de Québec agit selon la plupart des organisateurs comme un drain sur des touristes déjà refroidis par une météo capricieuse et la flambée du prix de l'essence.

Alors qu'une foule monstre a assisté dimanche soir au concert gratuit de Paul McCartney sur les plaines d'Abraham, la situation est loin d'être la même dans les festivals régionaux, où des baisses de fréquentation de 20 à 30% sont observées aux quatre coins de la province.

«Le 400e nous fait extrêmement mal, affirme Robert Trudel, directeur général de la Cité de l'énergie à Shawinigan. Les Québécois étaient habitués de prendre des fins de semaine prolongées pour venir nous voir, après avoir visité la capitale, mais quand ça te coûte 700$ pour deux nuits à Québec, tu y penses à deux fois.»

Depuis le début de l'été, la Cité de l'énergie connaît une baisse de fréquentation de 25%, selon son directeur : «On n'est pas les seuls, autour de nous ce sont des baisses de 35 à 40% quand on se dit les vraies affaires.»

Même son de cloche au Festival Outaouais en fête, où en dépit d'un programme qualifié de « très fort » incluant des artistes comme Steffie Shock, Richard Séguin et Marco Calliari, une baisse de 30% de la fréquentation a été enregistrée à la fin juin.

«Toutes les régions ont souffert de l'impact du 400e. Au sein même de notre organisation, des bénévoles nous quittaient pour aller travailler à Québec », souligne Jean-Paul Perreault, directeur général du festival.

Le Festival de la gibelotte de Sorel-Tracy encaisse, lui, une chute de 20% des participants cette année : «Comment voulez-vous qu'on rivalise avec Paul McCartney sur les Plaines?» demande son directeur général, Sylvio Bouchard.

Au festival Woodstock en Beauce, on dit avoir réussi à compenser une baisse draconienne des touristes provenant de l'est du Québec par une nouvelle clientèle venue de Montréal.

«C'est une année qu'on appréhendait et on est content qu'elle soit passée», dit André Gagné, coordonnateur.

Bémols

Le président de Festivals et événements au Québec, Pierre-Paul Leduc, confirme l'existence d'un «effet 400e» qui heurte avant tout les régions.

«Du côté des grands événements urbains, comme le Festival de jazz et le Festival Juste pour rire, ça va assez bien, alors que dans des régions comme le Saguenay, il semble que ce soit plus difficile.»

Ces données font écho à des statistiques préliminaires sur le tourisme régional qui laissent entrevoir une année difficile.

M. Leduc refuse toutefois de sombrer dans le pessimisme.

Encore trop tôt

Un déplacement de la saison touristique expliquerait une partie de la baisse de fréquentation en région, selon lui : «Il est encore trop tôt pour faire le bilan de la saison. Le mois d'août est de plus en plus fort. Le mois de septembre est de plus en plus un mois d'été.»

D'ailleurs, l'organisation du Festival western de Saint-Tite, qui doit se tenir en septembre, disait hier à La Presse s'attendre à connaître une excellente 41e édition.