Pour mettre fin à ce qu'elle qualifie de «double écrémage» des talents, la CSQ demande aux écoles publiques de cesser de se faire concurrence entre elles. Les programmes particuliers de sport-études, d'art-études ou d'enseignement international qu'elles offrent devraient pour ce faire être autant ouverts aux élèves moins talentueux qu'aux plus performants.

Plus de 75 000 élèves du secondaire public étaient inscrits dans l'une de ces classes à volet particulier en 2004-2005, selon un rapport du Conseil supérieur de l'éducation. Ce nombre est en croissance, mais le ministère de l'Éducation ne tient pas de chiffres précis. Seuls les élèves ayant les meilleures notes scolaires peuvent généralement y accéder.

«Cette situation est illogique. Les écoles privées vont chercher les meilleurs élèves par leurs politiques de sélection. Ensuite, les écoles publiques se battent entre elles pour les meilleurs élèves créant des programmes particuliers ouverts seulement aux plus performants. Pourtant, ce sont les élèves qui ont des difficultés qui ont besoin d'être accrochés par des projets stimulants», a déploré Réjean Parent, président de la CSQ, hier en conférence de presse.

Cette demande de la CSQ fait écho à un rapport publié en avril dernier par le Conseil supérieur de l'éducation, qui réclamait également un processus de sélection moins élitiste pour ces programmes d'enseignement particuliers. «Nous avons eu depuis la publication de ce rapport plusieurs témoignages de comités de sélection qui disent avoir porté une attention particulière aux élèves moins performants», affirme la présidente du Conseil supérieur, Nicole Boutin. Les écoles d'un même territoire tendent selon elle à se concerter désormais davantage pour offrir des programmes particuliers qui sont complémentaires plutôt que concurrentiels.

Mais pour la CSQ, ces efforts restent insuffisants. «Les événements récents à Montréal-Nord témoignent de ce qui arrive lorsqu'on ghettoïse un secteur en écrémant les talents d'une école», croit M. Parent.

La centrale syndicale réclame aussi l'abolition progressive du financement public des écoles privées, ainsi que la création d'une «campagne gouvernementale majeure» au cours des prochaines années pour convaincre la population que l'éducation est un enjeu prioritaire. «À l'heure actuelle, l'éducation est la grande priorité pour seulement 5% de la population (selon la compilation de deux rapports d'enquête de CROP et Ad hoc recherche). Il y a de gros efforts à faire auprès de l'opinion publique, surtout quand on considère que notre société se dirige vers une économie de la connaissance et que le tiers de la population n'obtient pas de diplôme», a affirmé M. Parent.

Ces recommandations de la CSQ, qui représente quelque 100 000 salariés du secteur de l'enseignement, découlent d'une tournée de consultation menée auprès des membres dans 16 des 17 régions administratives du Québec.