L'Action démocratique du Québec menace de retirer son appui à l'implantation du nouveau CHUM au centre-ville et de faire de nouveau campagne en faveur de la gare de triage d'Outremont.

Réuni à Saint-Michel-des-Saints, le caucus adéquiste a décidé de lancer un ultimatum au ministre de la Santé, Yves Bolduc. S'il ne présente pas un «plan de redressement» du projet de super hôpital universitaire d'ici la rentrée parlementaire du 21 octobre, le parti de Mario Dumont reviendra à sa position initiale et défendra le site d'Outremont.

L'ADQ juge que le projet actuel s'embourbe. «On s'en va vers un projet qui ne verra jamais le jour. C'est cafouillage après cafouillage!» a lancé le critique adéquiste en matière de santé, Éric Caire. «On commence à trouver que les désaffections s'accumulent», la dernière en date étant celle de la Fédération des médecins spécialistes du Québec.

«Faute de plan réaliste, concret, respectueux des budgets, on va retirer notre appui au site actuel», a-t-il affirmé.

Le plan de redressement devra contenir «un calendrier de réalisation réaliste» qui permettra de «mesurer étape par étape qu'on est bien dans les échéanciers». Il devra aussi présenter une évaluation des coûts respectueuse du budget fixé. C'est une condition essentielle à son avis pour que tous appuient le projet.

«Un mois et demi pour déposer un plan dont l'objectif est de rendre crédible et rassembleur ce projet, je pense que c'est amplement suffisant», a dit M. Caire.

Pour l'ADQ, la construction du nouveau CHUM sur le terrain de la gare de triage d'Outremont serait plus susceptible d'obtenir l'appui des médecins et des gens d'affaires, qui boudent le projet du 1000, rue Saint-Denis.

Changer de lieu ne reviendrait pas à repartir à zéro selon Éric Caire. «Des études ont été faites au sujet du site d'Outremont. Je ne pense pas qu'on repartirait à zéro. Je pense que c'est une bonne décision d'arrêter le cours d'une mauvaise décision», a-t-il indiqué.

À Québec, la menace de l'ADQ a fait sourire le premier ministre Jean Charest. «C'est assez intéressant d'apprendre qu'ils retireraient leur appui au projet du CHUM. Je ne savais pas qu'ils l'appuyaient, a-t-il dit d'un ton moqueur. C'est une nouvelle pour moi.»

Plus sérieux, M. Charest s'est porté à la défense du futur CHUM, estimant que la grosseur et la complexité du projet rendait impossible de faire l'unanimité.

Le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a pour sa part assuré que le site resterait le même, peu importe les critiques. «Ce qui est important, c'est qu'on ait une lignée claire, qu'on sache où on s'en va et qu'on arrête de toujours revenir en arrière sur des décisions prises il y a un an ou deux», a dit le ministre à l'entrée d'un caucus des députés du Parti libéral.

«Il y a toujours eu beaucoup de cynisme et de sceptiques, c'est ça qui nuit le plus au dossier, a-t-il ajouté. Si vous regardez les médecins, il y en a 50% qui sont pour, 50% qui sont contre. Si on l'avait mis à Outremont, vous auriez un sondage qui dirait que 50% sont contre que le CHUM aille à Outremont.»

Le porte-parole du Parti québécois en matière de santé, Bernard Drainville, a aussi réclamé que le ministre de la Santé réponde aux questions soulevées dans le dossier du CHUM. «Quatre ans après l'avoir lancé, on ne sait toujours pas combien ça va nous coûter, a souligné M. Drainville. On n'a toujours pas une idée très précise non plus de l'échéancier. On ne sait toujours pas quand aura lieu la première pelletée de terre. On ne sait toujours pas ce que contiendra ce nouveau CHUM.»

«Il y a une immense crise de confiance, a estimé le député péquiste. Et le ministre Bolduc doit nous dire quelles sont les décisions, quels sont les gestes qu'il va poser pour rassurer les gens.»

Avec Malorie Beauchemin