Le rôle qu'auraient pu jouer des agents de sécurité privés dans la mort d'un soldat canadien en Afghanistan, le week-end dernier, faisait l'objet d'un examen de plus en plus poussé, lundi, alors que des spécialistes ont accusé le gouvernement fédéral de ne pas avoir tenu compte d'avertissements lancés l'automne dernier.

«Dans pas mal de cas, l'image que nous nous faisons de la sécurité privée correspond à des gens tels que ceux de Blackwater, d'anciens membres des Seals de la marine, mais d'après ce que je comprends, pas mal de contrats en Afghanistan sont accordés à des entreprises locales afghanes», a affirmé Dave Perry, spécialiste de la défense à l'Université Dalhousie, à Halifax.

Les Forces canadiennes ont ouvert une enquête afin de déterminer si les coups de feu tirés par des gardes contractuels du secteur privé afghan ont entraîné la mort du caporal-chef Josh Roberts, samedi matin, lors d'une escarmouche dans le district de Zharey, à l'ouest de Kandahar.

Ce scénario, s'il se confirme, est exactement celui contre lequel des spécialistes de la défense ont mis en garde Ottawa, il y a près d'un an, à la suite d'une fusillade en Irak ayant impliqué l'agence américaine de sécurité Blackwater, incident qui a fait 11 morts parmi la population civile.

Le Canada et ses partenaires de l'OTAN se reposent largement sur des hommes de main locaux afin de protéger leurs diplomates, les bases militaires de même que les projets de construction et de développement à travers l'Afghanistan.

Le ministère fédéral de la Défense nationale et celui des Affaires étrangères engagent séparément leurs propres gardiens de sécurité privés à Kandahar et Kaboul. L'Agence canadienne de développement international (ACDI) a apparemment procédé de la même façon.

Des sources au sein de la Défense nationale ont fait état de cas lors desquels l'armée canadienne n'a pas été tenue au courant de l'embauche de gardes contractuels par d'autres ministères.

Natif de Saskatoon, le caporal-chef Roberts a été abattu alors qu'il se trouvait dans la tourelle d'un véhicule blindé LAV III, pendant une opération.

Une enquête a été instituée pour déterminer les circonstances de sa mort. Il est possible que le soldat canadien ait été tué de façon accidentelle au moment du passage d'un convoi de gardiens de sécurité privés qui auraient cru faire face à des insurgés.