Près de 2000 usagers des services d'autobus de la Rive-Sud seront délogés du Terminus Centre-Ville (TCV) et déplacés vers des quais extérieurs, sur les trottoirs, à partir du 25 août, en raison d'un «manque de capacité» de la principale gare d'autobus de la banlieue, au centre-ville de Montréal.

À deux semaines de la rentrée scolaire, et au moment où le ministère des Transports du Québec subventionne les transporteurs pour hausser leur achalandage, l'Agence métropolitaine de transport (AMT) a décidé le mois dernier de «délocaliser» une douzaine de circuits d'autobus de la Rive-Sud, dont la clientèle représente presque 12% des usagers réguliers du TCV.

Les usagers touchés par cette mesure, qui entre en vigueur dans 10 jours, proviennent des villes de Sainte-Julie, Boucherville, Saint-Hyacinthe, Châteauguay et Valleyfield, et de plusieurs petites municipalités du Haut-Saint-Laurent, comme Huntingdon, Ormstown et Sainte-Martine.

À partir du 25 août, ces passagers ne débarqueront plus au terminus, mais sur des quais aménagés le long des trottoirs du centre-ville, devant la Place Bonaventure et le long de la voie réservée aux autobus du boulevard René-Lévesque. Ces nouveaux points d'embarquement et de débarquement n'offriront pas d'abri aux intempéries, «mais les passagers qui attendent leur autobus pourront toujours se réfugier sous les marquises de la Place Bonaventure ou dans des édicules du métro situés à proximité» de leurs nouveaux arrêts, assurait-on mercredi à l'AMT.

Ces mesures ont été annoncées par l'AMT à cinq transporteurs de la Rive-Sud, il y a de cela plusieurs semaines. Des communiqués ont été émis par les autorités à l'attention de médias locaux, à la fin juillet. Mais ce n'est qu'avec le retour graduel des vacances estivales, au début de cette semaine, que les usagers habituels des circuits délogés en ont pris connaissance.

Comme des centaines d'autres habitués des autobus de la Rive-Sud, Marie-Ève Villeneuve, qui habite à Boucherville et qui travaille au centre-ville de Montréal dans une entreprise de services informatiques, a appris la nouvelle de sa «délocalisation» du TCV la semaine dernière en revenant au travail.

Les circuits 86 et 87 du Réseau de transport de Longueuil (RTL), qui desservent le territoire de Boucherville et qu'elle prend tous les jours pour aller travailler depuis janvier dernier, s'arrêteront désormais rue de la Gauchetière, devant la Place Bonaventure.

Dans une plainte écrite à l'AMT cette semaine, Marie-Ève Villeneuve dénonce le fait que les usagers sont avertis à la dernière minute. Si elle avait su, ajoute-t-elle, la jeune femme n'aurait probablement pas acheté une carte mensuelle valable jusqu'à la fin août et aurait probablement utilisé un autre circuit pour se rendre à Montréal en passant plutôt par le métro Longueuil à partir du 25 août.

«Je me trouve à payer le même prix qu'un autre usager du RTL, mais pour un service diminué, a-t-elle ajouté hier lors d'un entretien à La Presse. Et je sais que je ne suis pas la seule à le penser. Ce matin (hier), une pétition a commencé à circuler dans l'autobus, et les gens ne parlaient que de cela. Je ne pense pas que ce soit une bonne façon d'encourager les gens à utiliser les transports en commun.»

À l'AMT, on estime qu'on n'avait plus le choix. Les débordements du Terminus Centre-Ville ne datent pas d'hier. La fin de semaine dernière, dans une entrevue radiophonique, le président de l'AMT, Joël Gauthier, a reconnu que «la clientèle qui n'aura plus accès au TCV trouve cela difficile».

M. Gauthier affirme toutefois que la capacité d'accueil du terminus est parfois dépassée de 30 %. Avec 900 mouvements d'autobus par jour au TCV, les départs doivent se succéder toutes les 30 secondes, pendant l'heure de pointe du soir, afin d'éviter les embouteillages à la sortie du terminus.

Selon l'Agence, la douzaine de circuits délocalisés du TCV représente environ 13% de ces mouvements. Leur clientèle totale est estimée à environ 1900 personnes par jour, soit près de 12% des usagers du terminus.

L'engorgement est tel au terminus, assure M. Gauthier, que l'AMT y a décrété un moratoire sur toute augmentation de service pour les circuits qui utilisent déjà le TCV, et n'y a autorisé aucune nouvelle arrivée depuis 2005.

Or, depuis 2005, cette agence, qui relève du ministère des Transports du Québec, n'a pas non plus élaboré de solution pour réduire ces problèmes d'encombrement. Ni l'agrandissement du terminus, ni la construction d'une autre gare, ne sont pour le moment envisagés.

Dans son dernier plan triennal d'immobilisations (2008-2010), l'AMT prévoit dépenser 400 000$ en «études» en 2008, qui s'ajoutent aux 300 000$ dépensés antérieurement, afin de «poursuivre ses efforts pour identifier et développer une capacité additionnelle d'exploitation malgré la rareté de sites disponibles et les conditions de circulation et d'urbanisme très exigeantes, au coeur du centre-ville de Montréal».