Plus de 16 mois après la mort d'un de ses camarades déployés en Afghanistan, un membre des Forces canadiennes a formellement été accusé d'homicide involontaire, hier.

Le caporal Matthew Wilcox devra également répondre à des accusations de négligence criminelle ayant causé la mort et de négligence dans l'exécution d'une tâche militaire à la suite du décès du caporal Ronald Kevin Megeney.

Rattaché au 1er bataillon du régiment d'infanterie de réserve Nova Scotia Highlanders, le caporal Megeney a été tué d'une balle au thorax le 6 mars 2007 alors qu'il se trouvait à l'intérieur de sa tente au camp de base des Forces canadiennes à l'aéroport de Kandahar.

Le 25 octobre, soit sept mois après les événements, le Service national des enquêtes des Forces avait déposé des accusations similaires à l'endroit du militaire. Hier, au terme d'un processus dit de «vérifications des accusations post-inculpation», celles-ci ont été rendues formelles par le directeur par intérim des poursuites militaires, le lieutenant-colonel Bruce MacGregor.

«Les procureurs militaires doivent tenir compte de deux critères pour décider s'il convient de procéder à la mise en accusation afin qu'un accusé soit jugé par cour martiale, indique le ministère de la Défense par voie de communiqué. Premièrement, l'évaluation de la preuve doit permettre de conclure qu'il existe une possibilité raisonnable d'obtenir une condamnation. Deuxièmement, la poursuite doit évaluer si l'intérêt public exige d'engager des poursuites.»

Pourquoi le processus est-il si long? Au ministère de la Défense nationale, on nous répond que tout dépend de la complexité du cas, des éléments de preuve à collecter et analyser, des témoins à rencontrer, etc.

Le caporal Megeney n'avait que 25 ans. Originaire de Stellarton en Nouvelle-Écosse, il s'était porté volontaire pour un déploiement en Afghanistan. Il y était depuis décembre 2006. Dans les heures suivant l'annonce de sa mort, des rumeurs laissaient déjà entendre qu'il avait été mortellement blessé par un coup de feu accidentel.

Une fois le choc passé, la soeur du défunt avait déclaré aux médias que son frère croyait pouvoir faire une différence dans ce pays, qu'il voulait aider les gens à vivre en paix.

Provenant d'une famille marquée par une forte tradition militaire (son père Dexter était aussi dans l'armée), le jeune Megeney était, à Kandahar, affecté à un peloton de surveillance de l'entrée principale du camp de l'aéroport. Il fut le premier militaire canadien à perdre la vie en Afghanistan au cours de 2007, l'année la plus éprouvante pour les Forces depuis le début de la mission, en janvier 2002.

Un autre soldat de l'armée canadienne fait face à des accusations similaires pour un événement survenu en Afghanistan en 2006. Son procès doit s'ouvrir le 14 octobre.

Comme deux des trois accusations portées contre le caporal Wilcox le sont en vertu du code criminel, la sentence maximale possible est la prison à vie. Dans le cas de la troisième accusation (négligence dans l'exécution d'une tâche militaire), il risque l'exclusion de l'armée et une peine de prison de moins de deux ans.