Pour faire la fête ou pour aider la cause, des milliers de personnes ont assisté hier au Défilé de la fierté dans les rues de Montréal.

Paillettes, plumes, jeunes danseurs musclés et en petits costumes colorés: les uns auront été servis. Les autres restent sur leur faim. L'événement a été une fois de plus l'occasion de rappeler que la lutte contre la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle est loin d'être terminée.

Les organisateurs se sont réjouis cette année de la présence marquée de politiciens et d'autres vedettes du petit écran. «La simple vue de personnalités publiques au Défilé de la fierté est un témoignage éloquent à l'ensemble de la population: être gai, c'est correct! Leur présence contribue ainsi à dire non à l'homophobie», a signalé Laurent McCutcheon, président de Gai Écoute et de la Fondation Émergence.

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Avaient répondu «présent» le maire Gérald Tremblay, la ministre Yolande James, le comédien Éric Bernier, mais aussi Stéphane Dion, qui serait devenu hier le premier chef du Parti libéral du Canada à participer à la marche. «J'aurais voulu y aller tous les ans, mais c'est toujours compliqué. Là, j'ai des candidats qui ont insisté pour que j'y aille et j'ai réussi à me libérer», a dit M. Dion.

La présidente de Québec solidaire, Françoise David, a déploré que «plus d'un an et demi après la sortie du rapport de la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, nous attendons toujours la mise en oeuvre d'une politique nationale de lutte contre l'homophobie. Pendant ce temps, le taux de suicide est toujours aussi alarmant chez les jeunes gais et lesbiennes.»

Préjugés tenaces

Boulevard René-Lévesque, plusieurs variations de ce discours se sont fait entendre au cours de l'après-midi. «Dans les bars, dans la rue, au travail, les préjugés ont encore la vie dure. Même en 2008, les esprits ne sont pas aussi ouverts qu'on pense», a indiqué Dominic Déry, qui réclame un meilleur appui des politiciens, «pas seulement les jours de défilé».

Lyne Bélanger affirme qu'elle s'attire souvent des regards réprobateurs quand elle ose prendre la main de sa copine dans les rues de Saint-Sauveur. «Si un seul jeune a pu sortir de chez lui aujourd'hui et se promener en public sans se sentir gêné, sans avoir peur de la réaction des autres, alors le défilé aura été utile», a-t-elle noté, tout en précisant que des défilés du genre devraient aussi avoir lieu hors de Montréal: «C'est là qu'il reste le plus de travail à faire.»

À ses côtés, les yeux pétillants, une élégante dame aux cheveux argentés avouait être là «pour le spectacle». «Regardez ces chorégraphies, ces costumes! C'est magnifique!» s'est-elle exclamée au passage d'un char allégorique. Idem pour Michaella Weintrub, qui s'était d'abord déplacée pour l'ambiance festive.

«Je me demande si ce genre de défilé aide vraiment notre cause, a observé Vanessa Dumoulin. C'est juste le côté très excentrique de la communauté qui est reflété.»