Le pédophile récidiviste qui s'est infiltré dans deux écoles primaires de Longueuil pour épier des fillettes dans les toilettes pourrait être déclaré délinquant dangereux.

Le tribunal a envoyé Martin Bradette, 29 ans, subir une évaluation psychiatrique à l'institut Philippe-Pinel. Le jeune homme s'est présenté hier devant la juge Ellen Paré, de la Cour du Québec, la tête baissée, les traits tirés, vêtu d'un jean bleu et d'un t-shirt.

Cette évaluation, d'une durée de deux mois, est une étape nécessaire pour le faire déclarer délinquant dangereux comme le demande la Couronne.

En mai dernier, Martin Bradette s'est infiltré à deux reprises à l'école primaire Bourgeoys-Champagnat de Longueuil. La direction de l'école l'a expulsé. Quelques jours plus tard, il a récidivé, cette fois-ci à l'école primaire du Collège français. Il a glissé un appareil photo sous une cloison des toilettes pour photographier une fillette. Cette dernière a vite averti un parent, qui a prévenu le personnel de l'école. Un employé a coincé le pédophile alors qu'il tentait de fuir par le gymnase de l'établissement.

Le 13 juin dernier, Martin Bradette a plaidé coupable à 10 chefs d'accusation de voyeurisme, de production et de possession de matériel pornographique ainsi que de bris de condition. Il a des antécédents en la matière. En 2002, il a écopé de 15 mois de prison à purger dans la communauté pour avoir agressé une fillette dans les toilettes d'un McDonald's de Victoriaville. L'année suivante, il a commis quatre crimes sexuels dans autant d'écoles primaires à Québec, Drummondville, Warwick et Thetford Mines. Il a alors écopé de 40 mois de pénitencier.

«Cette fois-ci, heureusement, il n'a pas touché les enfants, mais il n'en reste pas moins que c'est très inquiétant. Son pattern est toujours le même: des fillettes dans des écoles primaires», a dit la procureure de la Couronne Hélène Décarie à sa sortie de la salle d'audience.

Réhabilitation

De son côté, la défense ne s'est pas opposée à la requête d'examen psychiatrique. «C'est dans une optique de réhabilitation que M. Bradette a plaidé coupable», a souligné l'avocate de la défense, Catherine Lemire.

M. Bradette a été déclaré délinquant à contrôler en 2004, mais cela ne l'a pas empêché de récidiver en mai dernier. Il était alors sous le coup d'une ordonnance de surveillance par le Service correctionnel canadien pour une période de 10 ans. «M. Bradette faisait l'objet de suivi, c'est sûr, mais ces gens-là (du SCC) ne pouvaient le surveiller 24 heures sur 24», a ajouté la procureure de la Couronne, Me Décarie.

C'est pourquoi la Couronne réclame aujourd'hui une mesure plus sévère. Si le tribunal le déclare délinquant dangereux, M. Bradette sera envoyé dans un pénitencier pour une période indéterminée, avec un minimum de sept ans à purger. Il sera également sous l'autorité de l'État jusqu'à la fin de ses jours.

«Un délinquant dangereux est un criminel qui doit être en détention préventive pour protéger le public. Il constitue un danger pour la vie, la sécurité ou le bien-être physique ou mental de qui que ce soit dans la société», explique le criminaliste Jean-Claude Hébert. Cette requête est plus courante dans les autres provinces canadiennes, mais le Québec s'en sert de plus en plus, ajoute le criminaliste.

Martin Bradette revient en cour le 3 septembre pour le rapport psychiatrique.