Pour avoir heurté à mort une femme de 43 ans alors qu'il conduisait à vive allure une voiture volée, le 21 août 2006, à l'Île-Bizard, Dave Ouellette a écopé de 10 ans de prison, hier.

Même si Ouellette, 26 ans, a plaidé coupable à des accusations de conduite dangereuse ayant causé la mort de Murielle Chauvet, de délit de fuite et de vol de véhicule, évitant ainsi un procès, le juge Jean Falardeau a estimé que l'ensemble du dossier commandait une peine exemplaire et très sévère. Ouellette, dont le dossier judiciaire est bien garni pour son âge, ne démontrerait pas de remord et ne semble pas prêt à s'amender. Depuis qu'il est emprisonné en raison de cette affaire, donc depuis deux ans, il a commis 10 infractions disciplinaires, dont certaines liées à la consommation d'alcool. «Les facteurs aggravants sont tellement importants», a fait valoir le magistrat, en insistant sur l'insouciance de l'accusé. Avant de happer la victime, l'accusé avait omis de faire trois arrêts obligatoires.

Murielle Chauvet, mère de deux enfants, avait l'habitude de faire chaque jour le tour de l'Île-Bizard à bicyclette. Le 21 août 2006, vers 17h, elle circulait sur le chemin du Bord-du-Lac quand elle a été heurtée par la Jeep 1990 conduite par Ouellette. Il venait de voler le véhicule à la plage de l'Île-Bizard, sous les yeux de son propriétaire. Ce dernier avait sauté dans le véhicule d'une amie et s'était lancé à la poursuite du voleur. Ouellette roulait à 70 km/h dans une zone de 50 km/h et se retournait pour voir s'il était toujours poursuivi quand la collision s'est produite. Mme Chauvet a été projetée dans un petit boisé tandis que la Jeep capotait. Bien que blessé lui-même, Ouellette s'est défait de sa ceinture de sécurité et a fui. Il a été épinglé environ trois heures plus tard. La famille de Mme Chauvet a été profondément marquée, particulièrement son conjoint et leurs deux enfants. En février dernier, lorsque Ouellette a plaidé coupable, le conjoint, Serge Descoteaux, avait écrit une lettre au juge, signalant qu'ils commençaient à peine à revenir à la vie. Hier, l'homme ne pouvait retenir ses larmes en sortant de la salle d'audience.

Peine lourde mais juste

«Je ne m'y attendais pas, a-t-il dit en faisant allusion à la lourde peine. J'avais un doute sur le système judiciaire. J'avais peur de me retrouver à Noël et qu'il soit libre. Le juge a rendu justice. Maintenant, on va pouvoir être en paix, planter un arbre. Je suis allé parler à ma fille avant de venir vous parler. Elle pleurait, comme moi», a-t-il confié aux médias, la voix chevrotante et les yeux rougis.

«Dix ans, ça se démarque de la jurisprudence», a admis le procureur de la Couronne Pierre Garon. Mais elle est juste, a-t-il ajouté, manifestement satisfait. L'avocat de l'accusé, Me Marion Burelle, qui recommandait une peine de quatre ans, n'a pas caché sa déception. Il va étudier la possibilité d'aller en appel. «On a fait le procès de sa vie et de sa personnalité. La peine dépasse ce qui est donné habituellement», a conclu Me Burelle.