De nombreux parents venus conduire leur adolescent à l'école secondaire Henri-Bourassa dans Montréal-Nord étaient doublement inquiets, hier, en cette journée de rentrée scolaire.

Inquiets, comme bien d'autres parents, de voir leur enfant entrer en première secondaire à la polyvalente. Mais aussi préoccupés par les récents événements de violence survenus dans le quartier, dont la mort d'un ancien élève d'Henri-Bourassa, Fredy Villanueva, tué par balles lors d'une intervention policière.

Quelques jours avant la rentrée, Noris Vargas, mère de Leonardo, a téléphoné à l'école pour s'assurer que son fils allait être en sécurité. «Avec tout ce qui s'est passé, c'est sûr que je suis inquiète», a dit la mère, restée dans le stationnement de l'école jusqu'à ce que son fils passe les portes de l'établissement. «On m'a dit que je n'avais pas à m'en faire parce que ça ne s'est pas passé à l'école», a-t-elle ajouté. L'émeute a éclaté non loin de cette école secondaire de 2100 élèves située sur le boulevard Maurice-Duplessis, le 10 août dernier, à Montréal-Nord.

Plusieurs parents ont suivi des yeux leur progéniture jusqu'à l'entrée de l'école. «J'espère que la surveillance sera adéquate», a dit Jodi Schrier, mère d'une adolescente de 14 ans. Une autre mère, Édith Charlish, a peur que l'émeute se reproduise. «Mon fils m'a demandé de changer de quartier. Moi aussi, je trouve cela dangereux», a-t-elle lancé.

La commission scolaire de la Pointe-de-l'Île n'a reçu qu'une poignée d'appels de parents inquiets, selon le directeur du réseau des écoles de Montréal-Nord et de Rivière-des-Prairies, Serge Beaudin. «Émeute ou pas, l'école doit se préoccuper chaque jour de la sécurité de ses élèves», a-t-il souligné.

La ministre de l'Éducation, Michelle Courchesne, a dit comprendre l'inquiétude des parents de Montréal-Nord, en conférence de presse sur la rentrée scolaire dans la métropole, hier. «Je peux tout à fait comprendre que les parents soient inquiets. Je tiens à les rassurer. Nous sommes plusieurs ministères à suivre la situation de près», a-t-elle dit. Mme Courchesne a aussi rappelé que le plan d'action de son gouvernement contre la violence à l'école allait être implanté dans des écoles de milieux défavorisés comme celles de Montréal-Nord.

Les réactions des élèves variaient de l'inquiétude à l'excitation, hier. «La rentrée ne me stresse pas, mais tout ce qui est arrivé lors de l'émeute, ça, ça me stresse», a affirmé Junior, 12 ans, qui vient d'emménager dans le secteur. Mélissa, 14 ans, n'est pas inquiète du tout. «C'est revenu à la normale», a indiqué la frêle adolescente qui portait une casquette de rappeur trop grande pour elle. «Moi, je n'ai pas peur des gangs de rue. Si tu ne leur parles pas et que tu ne les regarde pas, ils ne te feront pas mal», a ajouté Soukaina, une adolescente voilée.

Aucune surveillance policière n'était visible aux environs de l'école Henri-Bourassa, hier matin. Tout le contraire de l'autre grande polyvalente de Montréal-Nord, l'école Calixa-Lavallée. Plusieurs véhicules de patrouille circulaient autour de l'école et des agents de sécurité étaient postés à toutes les entrées. Des mesures de sécurité importantes, mais qui ne sont pas exceptionnelles, selon un membre de la direction de l'école.

Jay et James, 17 ans, fumaient une cigarette près d'un agent de sécurité, hier, à l'entrée de Calixa-Lavallée. «J'étais là, le soir de l'émeute. C'était le fun», a dit James, peu pressé de rentrer en classe. «Ça a mis de l'action dans le quartier. Ce genre d'événement change la société», a ajouté Jay, un sourire aux lèvres.