Le tonnerre gronde à l'usine Rio Tinto Alcan d'Alma.

Relations de travail déplorables, lien de confiance rompu, rapports de forces quotidiens, menaces, intimidation, harcèlement, ces termes sont devenus le vocabulaire courant sur le plancher de l'usine. Selon le président du Syndicat des travailleurs de l'aluminium d'Alma (Métallos), Marc Maltais, Rio Tinto Alcan s'est engagée dans une lutte à finir avec ses travailleurs. Le porte-parole syndical jure toutefois que l'employeur trouvera chaussure à son pied.

" Cela n'a jamais été aussi évident: ils veulent nous fermer la gueule. Ils ne veulent pas nous anéantir, puisqu'il faut toujours un responsable quand ça tourne mal, mais ils veulent un beau petit syndicat de moutons", exprime en entrevue le président des Métallos.

Marc Maltais n'a pas l'habitude de lancer de telles attaques par le biais des médias. Cependant, il rapporte qu'au cours des dernières semaines, pas moins de cinq mesures disciplinaires ont été déposées par l'employeur contre des officiers syndicaux oeuvrant à l'usine d'Alma.

Selon lui, le message est clair: " Nous n'avons tout simplement plus le droit de militer. "

Cette semaine est tombée la goutte qui a fait déborder le vase. Un représentant syndical affichant plus de dix ans d'expérience en matière de relations de travail a été sanctionné pour avoir livré son opinion à un cadre supérieur, concernant un litige interne. Selon la version du syndicat, le patron a tranché injustement, sans raison valable.

" Tout ce que notre officier a fait, c'est de prévenir un inspecteur de certains irritants potentiels. Il a voulu désamorcer une bombe et, finalement, elle lui a explosé en plein visage. La direction a bâclé son enquête. Elle n'a rencontré aucun témoin syndiqué, même s'ils étaient plusieurs lors de l'événement. C'est de la provocation", insiste Marc Maltais.

Riposte

En guise de riposte, les opérateurs de l'usine ont interrompu leurs activités pendant une quinzaine de minutes, hier avant-midi, à la cafétéria. Cette action a été jugée illégale par les dirigeants de Rio Tinto Alcan, qui ont en main un contrat de travail valide jusqu'en 2015.

Ce matin, une rencontre est prévue entre le syndicat et la direction, afin de discuter des récents événements. Le président Maltais ne s'attend cependant à aucun miracle.

" La petite manifestation d'hier n'est que la pointe de l'iceberg. Pour obtenir notre accréditation syndicale, il a fallu mener des combats bien plus significatifs qu'une simple pause de 15 minutes à la cafétéria. Personne n'acceptera de se faire marcher dessus ici. S'ils nous ''challengent'', nous leurs ferons face. C'est notre survie qui en dépend", termine Marc Maltais. Du côté de Rio Tinto Alcan, la responsable des relations publiques, Claudine Gagnon, a indiqué que le conflit actuel appartient à la régie interne de l'usine. Elle a néanmoins confirmé qu'une courte manifestation a eu lieu hier matin, insistant sur le fait que celle-ci était illégale.

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