L'ex-policier montréalais Richard Kilsdonk, qui avait utilisé un faux mandat d'arrêt pour tenter d'enlever une jeune femme de 19 ans de La Prairie, a officiellement été destitué par le Comité de déontologie policière.

L'histoire rocambolesque, qui a précédemment valu au policier une peine d'emprisonnement de deux ans moins un jour à purger dans la communauté, remonte au 11 janvier 2005.

Ce jour-là, vers 10h50, Kilsdonk se présente chez sa victime, vêtu d'un manteau, d'un gilet pare-balles et d'une casquette sur lesquels est inscrit le mot «Police» en grosses lettres blanches. Il frappe à sa porte. La jeune femme, soupçonnant une anomalie, appelle alors son ami de coeur au téléphone et ouvre sans raccrocher le combiné.

Kilsdonk, qui se fait passer alors pour «l'agent Robert», informe la jeune femme qu'un mandat d'arrêt pèse sur elle pour une fraude commise à l'endroit du concessionnaire Mazda de Saint-Constant. La victime demande des explications, mais le policier lui dit que les détails lui seront uniquement fournis au poste.

Entendant toute la conversation à l'autre bout du fil, le conjoint de la jeune femme saute aussitôt dans sa voiture et fonce vers son domicile. En chemin, un policier de Roussillon, l'agent Benoît Otis, le prend en chasse pour excès de vitesse. En arrivant sur les lieux, il gare sa voiture et explique à l'agent Otis qu'un «faux policier» se trouve dans la maison.

Il prend la fuite

L'agent Otis se rend alors à l'intérieur et questionne l'homme qui se fait passer pour l'agent Robert. Ce dernier répond que ses papiers d'identité sont dans son véhicule. Quelques secondes plus tard, en se rendant vers le véhicule, une Mazda Protégé bleue, il change de version et déclare qu'il n'est pas vraiment policier et qu'il veut seulement jouer un tour à la jeune femme. Puis subitement, il pénètre dans sa Mazda, prend la fuite, et parvient à semer l'agent Otis sans que celui puisse noter l'immatriculation du véhicule.

En faisant des vérifications auprès du concessionnaire Mazda de Saint-Constant, les enquêteurs découvrent dans les registres informatiques qu'un client dont la profession est «policier» y a conduit le jour même une Mazda bleue vers 8h le matin. Son nom est Richard Kilsdonk, policier au Service de police de la Ville de Montréal. L'homme est arrêté chez lui trois jours plus tard.

En mai 2006, l'agent Kilsdonk, marié et père de trois enfants, a plaidé coupable à des accusations criminelles de tentative d'enlèvement, de fabrication de faux documents et d'utilisation de faux documents. Il a aussi admis avoir brisé ses conditions de mise en liberté après avoir écrit une lettre anonyme à la victime alors qu'il n'avait pas le droit d'entrer en contact avec elle.

En vertu de la Loi sur la police, ce dossier criminel le rendait automatiquement inapte à occuper une fonction de policier. Chacun des quatre chefs pour lesquels il a reconnu sa culpabilité justifiait sa destitution, a conclu en outre le Comité de déontologie policière dans son jugement rendu public hier. Selon la porte-parole du Commissaire à la déontologie policière, Me Louise Letarte, les cas de destitution de policiers sont des sanctions assez rares.

Selon The Gazette, Kilsdonk avait rencontré brièvement sa victime à son travail quelques mois avant les événements. Il l'aurait ensuite traquée sur l'Internet avant de passer à l'acte. Avant sa destitution, il travaillait pour le SPVM au poste 11, dans le secteur de Notre-Dame-de-Grâce.