Le peu d'empressement des chefs des partis d'opposition à le rencontrer pique au vif le premier ministre Stephen Harper qui semble plus déterminé que jamais à se retrouver en campagne électorale rapidement.

En fait, il ne s'agit plus de savoir s'il y aura une élection générale à court terme, mais plutôt de savoir quand celle-ci sera déclenchée.

Et, à en croire M. Harper, il pourrait déclencher des élections dès la semaine prochaine, avant le scrutin des trois élections partielles, prévu le 8 septembre.

«Il nous faudra juger s'il est approprié de demander aux gens de voter deux fois en l'espace de quelques semaines», a déclaré mardi le premier ministre lors d'une conférence de presse, alors qu'on lui demandait ce qu'il adviendrait des élections complémentaires en cours.

«Les indications sont de plus en plus que ce n'est pas possible d'avoir une session fructueuse à cause de l'impasse qui existe entre nous et l'opposition sur plusieurs dossiers», a-t-il ajouté.

Ces déclarations de M. Harper suggèrent fortement que le scrutin général pourrait se tenir avant la fin octobre.

Après avoir tendu la main, la semaine dernière, aux chefs des partis d'opposition en les invitant à des rencontres pour discuter de la session à venir, M. Harper se montre maintenant impatient et s'en prend particulièrement au chef libéral Stéphane Dion.

«Passer des semaines à jouer à la «tag téléphone» avec eux ne m'aide pas à confirmer que les choses pourraient être productives», a résumé le premier ministre, visiblement peu enclin à la conciliation.

Comme la semaine dernière, il dit estimer que, dans la situation actuelle, il sera impossible pour son gouvernement d'être «fructueux» et de faire avancer la législation.

Autant du côté conservateur que de l'opposition, on semble être rendu à l'étape où chacun joue ses pions pour que l'odieux du déclenchement des élections soit porté par l'autre.

En point de presse à Toronto, M. Dion a déclaré que Stephen Harper cherchait à trouver à tout prix une raison pour se retrouver en campagne électorale.

«La façon dont il travaille montre que de toutes façons, pour eux, ces rencontres avec les chefs d'opposition est simplement pour le premier ministre une façon de sauver la face», a insisté le chef libéral.

Il s'interroge de plus sur l'urgence qui s'est emparée des conservateurs. La semaine dernière, le bureau de M. Dion avait offert une rencontre le 26 août, une offre que le bureau du premier ministre aurait refusée.

«Jamais ils nous ont dit qu'ils étaient impatients, qu'ils trouvaient que ça prenait trop de temps», a poursuivi M. Dion, qui refuse que cette discussion avec M. Harper se fasse par téléphone.

De son côté, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, croit que l'attitude de M. Harper n'est pas justifiée.

«Je pense qu'il y a un peu de panique dans tout cela, et très peu de sens des responsabilités. Il est prêt à violer sa propre loi», a soutenu M. Duceppe en entrevue téléphonique, faisant référence à la loi sur les élections à date fixe que le gouvernement conservateur a fait adopter.

Cette loi ne semble pas être un obstacle pour le premier ministre. Mardi, il a expliqué que la «certitude» d'une date fixe pour des élections ne s'appliquait que dans un contexte de gouvernement majoritaire.

Ce n'est pas ce que M. Harper affirmait il y a moins d'un an, en octobre 2007, alors qu'il se faisait demander, dans le cadre d'une conférence de presse, ce qui le retenait de déclencher sur le champ des élections.

M. Harper disait alors qu'il voulait gouverner, qu'il voulait faire fonctionner le Parlement et «nous avons fait adopter une loi, C-16, qui établit des élections à date fixe».

«J'ai fixé la date, octobre 2009. Je suis clair sur le moment où je souhaite l'élection», ajoutait-il.