Le gouvernement conservateur canadien a annoncé des mesures pour punir davantage les auteurs de violences contre les femmes enceintes, tout en affirmant qu'il ne rouvrirait pas le débat sur l'avortement, un signe que des élections sont proches selon des commentateurs.

Le ministre de la justice Rob Nicholson a annoncé qu'il allait déposer un projet de loi visant à aggraver les peines contre des personnes commettant des actes mettant en danger la vie de femmes enceintes.

Mais il a en même temps souligné que le «gouvernement ne rouvrirait pas le débat sur l'avortement». Le projet «sera rédigé de façon à ne pas ouvrir la possibilité d'introduire des droits du foetus (...) Il n'y aura pas de mauvaise interprétation possible», a-t-il dit.

Un député conservateur avait déposé l'an dernier une proposition de loi visant à traiter comme un crime supplémentaire la mort du foetus dans le cas d'une attaque contre une femme enceinte. Ce texte qui avait franchi plusieurs étapes à la chambre des Communes avait été vivement critiqué notamment par des groupes de femmes, pour qui il s'agissait, d'une manière détournée, de tenter de recriminaliser l'avortement au Canada.

Des commentateurs ont vu dans l'annonce du ministre de la Justice un geste à connotation électorale et un signe de plus que des élections sont proches.

Cette annonce permet de donner satisfaction à l'aile de l'électorat conservateur favorable à un renforcement de la lutte contre la criminalité, tout en évitant d'aliéner les très nombreux Canadiens attachés au droit à l'avortement garanti depuis 20 ans.

Le Premier ministre Stephen Harper, à la tête d'un gouvernement minoritaire, a laissé entendre de plus en plus clairement au cours des dernières semaines qu'il pourrait déclencher très prochainement des élections législatives face à ce qu'il qualifie d'obstruction de l'opposition au parlement.

Des sources conservatrices citées par la presse ont évoqué la possibilité qu'il déclenche des élections début septembre, sans attendre la reprise des travaux parlementaires le 15 septembre, ce qui amènerait les Canadiens aux urnes en octobre.