Le ponceau qu'Étienne Brisebois doit traverser pour accéder à sa maison a cédé sous la pression de l'eau. Conséquence des pluies diluviennes tombées hier matin, la rigole qui coule normalement au creux du fossé devant sa maison, à Sainte-Christine, s'est transformée en rivière déchaînée.

Les autorités de cette municipalité de la Montérégie sont sur le qui-vive; d'autres averses sont prévues dans les prochains jours, et le pire reste peut-être à venir.

«Je n'aurais jamais cru que le pont lâcherait», a dit M. Brisebois, encore abasourdi par les événements. «Cela ne pourrait pas être pire, sauf si le pont des voisins s'écroulait aussi», a-t-il ajouté, le regard tourné vers son chien qui l'attendait toujours de l'autre côté du fossé.

«Je n'ai jamais vu ça en 30 ans», a dit la mairesse de la municipalité de Sainte-Christine, Huguette Beaulac. Voisine de M. Brisebois, elle a quitté sa résidence grâce à ses voisins qui sont venus la chercher en passant par la cour en VTT. L'accès par la route 116 n'était plus praticable.

Dans la matinée d'hier, plus de 50 mm de pluie sont tombés en deux heures. Un temps record pour de telles accumulations. Et des dégâts tout aussi impressionnants pour les municipalités de la Montérégie qui ont été surprises par ces averses exceptionnelles.

À Saint-Théodore-d'Acton, un village de 1800 âmes situé au nord de Saint-Hyacinthe, les trois quarts des routes ont été fermées. Une bonne partie du 8e Rang a été emportée par les eaux; un cratère se trouve désormais au milieu de la route.

À quelques kilomètres, le propriétaire de la ferme Dominique Grenier évaluait à plus de 10 000$ les dégâts causés par l'eau. «Je ne veux pas être pessimiste, mais la pluie va continuer», a dit M. Grenier, découragé. L'étable a été épargnée, ce qui n'a pas été le cas du bâtiment dans lequel il entrepose ses ballots de foin. Il croit avoir perdu une bonne partie de son stock.

Le scénario est similaire à la ferme de Fernand Laplante, où la faucheuse et le tracteur semblaient littéralement flotter sur le champ. «Nous avons perdu entre 60 et 70% de notre foin», estimait le fils du propriétaire, Marc-André Boisvert.

«Les dégâts sont difficiles à évaluer, on va le savoir à l'automne lors de la récolte. S'il y a une récolte», a dit Fernand Laplante, conseiller municipal de Sainte-Christine. Uniquement pour remplacer les ponceaux retirés par les autorités municipales en mesure de prévention, il en coûtera entre 25 000$ et 30 000$, croit la mairesse Beaulac.

En début de soirée, la situation semblait s'être stabilisée. Dany Larivière, le maire de Saint-Théodore-d'Acton, craint cependant le pire. «Le niveau des cours d'eau gonfle toujours», a-t-il souligné. La rivière Jaune est même sortie de son lit, a-t-il ajouté.

C'est cependant à Acton-Vale que les dégâts risquent d'être les plus graves si la situation empire dans les prochains jours. Les cours d'eau des petites municipalités se déversent dans la rivière Renne, qui traverse la ville. Le directeur général d'Acton-Vale, Pierre Dionne, s'est dit très préoccupé par la situation, même si la municipalité a été jusqu'ici épargnée. «Les cours d'eau sont très hauts. Les champs ne sont plus capables de rien absorber», a-t-il conclu.

René Héroux, d'Environnement Canada, prévoit malheureusement d'autres précipitations pour la région. «Pas aussi grosses», a-t-il assuré cependant.