Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, reconnaît qu'il y a une «fracture» entre les jeunes de Montréal-Nord et les représentants des autorités. Un problème qu'il faudra régler rapidement, sans recourir à la répression mais en misant davantage sur la prévention.

Le maire Tremblay dit avoir entendu la «colère» des jeunes du quartier. «Ils veulent dialoguer, ils veulent être entendus dans un climat de justice sociale et de paix. Notre défi sera de trouver des solutions dans les plus brefs délais pour rétablir le lien de confiance.»

Et pour ce faire, pas question d'augmenter le nombre de policiers qui patrouillent dans les rues. Le maire Tremblay privilégierait plutôt une hausse du nombre de travailleurs sociaux, a-t-il donné en exemple hier lors d'une conférence de presse. «Il se dégage une sagesse des propos des leaders de la communauté de Montréal-Nord qui nous indique la voie à suivre: oui, il peut y avoir une répression pour lutter contre les gangs de rue, mais par contre on doit faire de plus en plus de prévention et d'inclusion.»

«Si nous sommes capables d'investir dans la répression, nous sommes tout aussi capables d'investir dans la prévention», a-t-il insisté. À mots couverts, Gérald Tremblay a invité les autorités à refaire leurs devoirs pour éviter de nouveaux débordements. «Il faut ajuster les services publics pour qu'ils répondent avec plus d'acuité aux besoins de la communauté.»

Gérald Tremblay a rencontré au cours des derniers jours les représentants de plusieurs organismes communautaires du quartier pour étudier les pistes à suivre. Il demandera dans les prochaines semaines l'aide de Québec et d'Ottawa afin d'assurer leur réalisation. «Il n'y a pas une seule réponse pour corriger cette situation, il n'y a pas de remède miracle, il faudra du temps, de la persévérance et surtout une volonté politique. Ce sera un travail de longue haleine.»

Gérald Tremblay n'a pas été en mesure de chiffrer l'aide qu'Ottawa et Québec devraient fournir, mais il a d'ores et déjà annoncé que les efforts additionnels ne devront pas être «uniquement financiers». Les gouvernements provincial et fédéral pourraient être appelés à revoir les mécanismes d'attribution des subventions aux organismes communautaires. «Il faut créer des partenariats à long terme afin qu'ils ne passent plus un temps fou à remplir de la paperasse (...) car toutes leurs énergies doivent être consacrées sur le terrain».

Bisbille avec les policiers?

Gérald Tremblay a par ailleurs réagi aux propos d'un «policier d'expérience» du SPVM cités dans le quotidien The Gazette hier. L'agent, sous le couvert de l'anonymat, dénonce l'inaction et le mutisme des dirigeants du SPVM. «Si les policiers veulent divulguer de l'information, ils sont libres de le faire», a dit le maire.

Mais hier, la Fraternité des policiers de Montréal a préféré ne pas commenter la façon dont le SPVM gère le dossier de la mort de Fredy Villanueva. «On ne fera pas de commentaires (dans les médias) en ce sens-là. Si on estime que ça va vraiment mal, on vous rappellera», a simplement dit le directeur des communications de la Fraternité des policiers de la Ville de Montréal, Martin Viau. «L'enquête préoccupe beaucoup les policiers, a-t-il admis. Par les temps qui courent, on rencontre l'employeur sur une base quotidienne.»