Les Jeux olympiques doivent-ils à coup sûr être suivis d'une ambiance de lendemain de fête trop grosse et trop chère? Ce n'est pas l'exemple d'Athènes qui convaincra les Montréalais du contraire.

Les Jeux d'été de 2004 ont été une réussite éclatante sur le coup, mais la mauvaise herbe pousse maintenant autour d'infrastructures construites à toute vitesse et à prix d'or.

Divers médias sont retournés dans la capitale grecque à l'occasion du début des Jeux de Pékin et en ont rapporté des photos saisissantes. On y découvre des installations toutes récentes mais déjà quasi décrépites.

Ainsi, autour du terrain de volley-ball de plage, des gitans ont planté leurs tentes. Non loin de là, des stades sont couverts de graffitis. La piscine qui accueillait les épreuves de plongeon est maintenue à sec. Partout, des déchets jonchent la route.

En grande partie inutilisées, les installations d'Athènes auraient coûté plus d'un milliard de dollars à entretenir depuis la fin de Jeux, qui ont eux-mêmes coûté 18,5 milliards.

«Après les Jeux, il y a une tendance à ce que l'enthousiasme retombe», reconnaît Kostas Kartalis, ancien directeur de Hellenic Olympic Properties, la société grecque qui gère les installations olympiques.

Dans un article, le journal anglais Daily Mail dit craindre que la même chose ne se produise à Londres après les Jeux de 2012: «À moins que des mesures ne soient prises d'urgence en vue de recentrer l'organisation sur le long terme, Londres pourrait faire face à sa propre tragédie grecque», prévoit-il.

Le bon exemple

Et pourtant, il est bien possible d'organiser des Jeux «durables».

Selon Pierre Bibeau, ancien directeur de la Régie des installations olympiques (RIO), le succès des Jeux à long terme repose sur une planification du sort des installations avant même le début des festivités.

«L'erreur à Montréal a été de construire un Stade pour des événements de 15 jours. Roger Taillibert, l'architecte, ne connaissait pas le baseball, regrette-t-il. Je ne suis pas certain qu'on aurait les mêmes problèmes si on l'avait conçu pour les Expos et le football.»

Le pragmatisme américain paraît mieux réussir à l'après-Jeux. M. Bibeau donne l'exemple de Los Angeles et d'Atlanta, des villes ayant réussi à franchir avec succès le cap des Jeux: «Il était clair dès le départ que le stade à Atlanta servirait ensuite à accueillir les Braves.»

Dans le cas de Los Angeles, en 1984, le génie des organisateurs a été de multiplier les installations temporaires: «Ils ne sont pas pris avec des éléphants blancs comme nous.»

Le Stade olympique, à l'inverse, a été construit pour des «siècles et des siècles», l'erreur à ne pas commettre.

Prochaine ville canadienne à accueillir les Jeux, Vancouver paraît avoir prévu le coup. Joint par La Presse, le comité organisateur s'est empressé de nous diriger vers son site Internet. On y indique déjà une utilisation post-Jeux pour chaque infrastructure.