Une quantité importante de bouteilles de vin haut de gamme a disparu l'an dernier d'un entrepôt de la Société des alcools du Québec (SAQ). La société d'État soupçonne ses propres employés d'être à l'origine du larcin, mais n'a jamais pincé les coupables et n'a pas jugé bon de prévenir la police.

Des employés de la SAQ ont volé pour 121 434$ de bouteilles d'alcool en 2007, selon un document obtenu par La Presse en vertu de la Loi d'accès à l'information. En 2006, ces vols ne représentaient qu'une somme de 200$.

«On parle de produits haut de gamme, c'est ce qui explique le montant élevé de 2007, explique la porte-parole de la SAQ, Isabelle Merizzi. Il y a maintenant une surveillance accrue dans les entrepôts, où il y énormément de va-et-vient.»

Malgré les sommes importantes en jeu, la SAQ n'a pas alerté les policiers.

«Le recours aux corps policiers est difficile lorsqu'on n'a pas de preuve, affirme Isabelle Merizzi. On fait des enquêtes internes quand on a des soupçons. Il n'est toutefois pas exclu qu'on ait recours à la police à l'avenir. Pour l'instant, notre façon de réagir est de resserrer les mesures de sécurité.»

Mis à part l'important cambriolage perpétré dans un entrepôt, deux autres vols d'au moins 2000$ ont été attribués à des employés qui ont été renvoyés par la suite.

Encore une fois, la SAQ a rapidement étouffé l'affaire en ne portant pas plainte à la police. «Le message était déjà très fort, on a congédié les responsables. Les commerces au détail ne sont pas tenus d'alerter la police lors d'une infraction.»

Il y a eu 14 enquêtes internes en 2006, et 20 l'année suivante. «Les techniques d'enquête sont confidentielles. Il y a des caméras dans les entrepôts et des personnes responsables de surveiller les employés. Mais les enquêtes n'aboutissent pas toujours sur un vol.»

La SAQ compte 6500 employés. Mme Merizzi confirme que pour en congédier un, l'offense doit être importante. «On ne tolère pas les vols. C'est le geste ultime. Lorsqu'on se rend compte qu'il y a répétition, il y a des sanctions à l'interne, jusqu'au congédiement.»

Vols externes

La SAQ ne comptabilise pas les vols commis par des individus qui ne sont pas employés de la société d'État. L'an dernier, elle a enregistré trois millions de dollars de pertes, ce qui inclut les vols et les problèmes d'étiquetage. Le chiffre d'affaires de la société est de 2,3 milliards. «En proportion, nos pertes sont beaucoup plus faibles que dans le commerce au détail en général», affirme Isabelle Merizzi.

Selon un employé d'une succursale montréalaise de la SAQ, il est très facile de voler des bouteilles d'alcool. «Ce n'est pas dur d'aller dans l'arrière-magasin avec un sac à dos. Tu peux t'en donner à coeur joie et le remplir.»

Pour les vols commis par le public, il affirme que la consigne générale est de ne pas s'interposer. «C'est aussi facile que dans l'entrepôt. Le syndicat nous dit que si la SAQ ne veut pas payer d'agent de sécurité, on ne doit pas s'en mêler.» Il a été impossible de joindre le syndicat hier.

Il n'y a pas d'agent de sécurité dans toutes les succursales. Ils sont présents selon «les besoins et les périodes de l'année», selon Mme Merizzi.

Avec la collaboration de William Leclerc.