Les médecins spécialistes oeuvrant au Centre hospitalier universitaire de Montréal (CHUM) sont extrêmement insatisfaits du projet de nouveau CHUM et plus de la moitié (54 pour cent) n'y croient même plus.

C'est ce que révèle un sondage Ipsos Descarie réalisé pour la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) auprès des spécialistes du CHUM.

Le sondage, rend public lundi, est sans équivoque quant au scepticisme des médecins spécialistes. Les deux tiers des répondants (63 pour cent) ne croient pas que le nouveau CHUM sera inauguré avant 2017 et plus de la moitié de ce groupe envisagent une réalisation au-delà de 2018.

Près de trois médecins spécialistes sur cinq (58 pour cent) sont en désaccord avec le choix du site, soit l'actuel emplacement du pavillon Saint-Luc au 1000 de la rue Saint-Denis, et près de la moitié (47 pour cent) auraient préféré le site de l'ancienne gare de triage d'Outremont, près de l'Université de Montréal.

Parmi les autres données du sondage, mentionnons que la majorité des spécialistes auraient souhaité un hôpital avec un plus grand nombre de lits.

«Dans les 10 dernières années, probablement sciemment, on a tenu le corps médical, tout particulièrement la Fédération (des médecins spécialistes), dans le noir total quant à l'évolution du dossier», a déclaré en entrevue le président de la FMSQ, le docteur Gaétan Barrette.

«C'est la raison pour laquelle les gens sont démotivés. Ils ne voient pas le dossier aboutir. Ils n'ont pas les informations qui les amènent à une certaine satisfaction face à l'avenir. Aujourd'hui, (...) il commence à sortir des données factuelles, sur le nombre de lits et ainsi de suite, et là les gens constatent que le CHUM n'arrête pas de diminuer de grosseur. Ca va bientôt être plus petit que ce qui existe actuellement», a-t-il ajouté.

Le docteur Barrette estime qu'il est encore temps de corriger le tir sans que cela n'entraîne de nouveaux délais.

«Il n'y a pas un seul plan, il n'y a pas une ligne de plan actuellement qui ait été faite, a-t-il dit. Donc c'est le moment où il faut intervenir (...). D'aucune manière avons-nous à recommencer à zéro dans ce dossier-là. Le travail qui est fait est fait, il est utile. On doit améliorer le produit final en faisant les ajustements et on continue à aller de l'avant, ce qui n'entraîne aucun délai significatif.»

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, le docteur Yves Bolduc, a réagi au sondage de la FMSQ en disant vouloir rencontrer le docteur Barrette pour «discuter des enjeux» relatifs au CHUM.

Le premier ministre Jean Charest a pour sa part affirmé qu'il est normal qu'un mégaprojet comme celui-ci suscite du scepticisme.

«On est intéressé à leur point de vue. On n'est pas indifférent du tout à ce qu'ils ont à dire. Yves Bolduc va les rencontrer pour écouter ce qu'ils ont à dire et travailler avec eux», a déclaré M. Charest lors d'une conférence de presse portant sur un autre sujet à Bécancour.

Quant au porte-parole de l'Action démocratique en matière de santé, Eric Caire, il a déclaré que le sondage de la FMSQ constitue une autre tuile dans le dossier du CHUM.

«Le nouveau ministre de la Santé et des Services sociaux nous dit: «je n'ai aucune idée comment ça va coûter'. Alors poser pas la question pourquoi tout le monde tourne le dos à ce projet-là, quand le ministre lui-même ne sait pas où il s'en va», a déclaré M. Caire.

Le sondage a été réalisé du 10 au 21 juillet 2008 auprès de 733 spécialistes oeuvrant au CHUM. De ce nombre, 333 ont répondu, un taux de réponse considéré comme étant élevé en période de vacances et auprès d'une clientèle de professionnels.

La marge d'erreur est de 3,8 pour cent, 19 fois sur 20.