Depuis l'obtention des Jeux olympiques 2008, la Chine est accusée de tous les maux. Ce pays et cette civilisation plusieurs fois millénaires renfermeraient les germes des pires exactions commises sur notre bonne vieille planète, qui en a vu bien d'autres. Loin de moi de vouloir minimiser les diverses atteintes aux droits de la personne dans le pays de Confucius.

Mais il me semble qu'il y a des limites à accuser le gouvernement chinois pour nous donner bonne conscience. Se peut-il que notre paire de lunettes à l'occidentale déforme une culture qui nous dépasse? Se peut-il que notre schème de valeurs occidental veuille imposer notre modèle qui ne colle pas à la réalité chinoise? Se peut-il que notre démocratie à l'occidentale n'ait aucune assise dans la tradition chinoise? L'hebdomadaire français Le Nouvel Observateur dans son édition du 31 juillet 2008 présente 10 clés pour comprendre la Chine. Ce dossier ne donne pas toutes les réponses, mais il permet une meilleure compréhension des 2500 ans de la civilisation la plus ancienne.

Nous avons l'indignation facile lorsqu'il s'agit des comportements des autres. Nous valorisons des solutions pour les autres que nous ne pouvons nous imposer à nous-mêmes. Revenons sur quelques exemples qui ont fait les manchettes de l'actualité depuis que la Chine s'est vue octroyer les Jeux olympiques en 2001.

Nous avons demandé aux athlètes de boycotter les Jeux olympiques, mais nos hommes d'affaires et nos entreprises, eux, multiplient leurs développements en Chine.

Nous condamnons, avec raison d'ailleurs, la complicité de la Chine dans les insurrections au Soudan, en Birmanie, au Zimbabwe, mais nous tolérons l'invasion de l'Irak par les USA, sous la fausse représentation d'armes de destruction massive. Ils sont à nous préparer le même coup avec l'Iran.

Nous manifestons contre la répression au Tibet, mais nous négligeons de condamner le bouclage de la Palestine par l'État d'Israël.

Nous dénonçons le traitement des détenus en Chine, mais en même temps la plus grande démocratie érige Guantanamo et bafoue les règles internationales.

Nous décrions les peines de mort en série en Chine, mais les USA, le Japon, l'Inde et 54 autres pays maintiennent la peine de mort et procèdent à des exécutions.

Nous accusons les Chinois d'avoir éloigné et refoulé les itinérants des rues de Pékin pour les Jeux olympiques, mais à Montréal en 1976 le maire du temps a fait la même razzia.

Nous pointons du doigt le smog, la chaleur et l'humidité de Pékin, a-t-on oublié Los Angeles, Atlanta et Athènes?

Nous dénonçons les violations de la liberté de religions en Chine, mais en même temps nous cautionnons l'Arabie Saoudite et autres dictatures amies qui ne sont pas plus tolérantes.

Nous rageons après les produits chinois et les bas salaires versés aux travailleurs chinois, mais nous sommes les premiers à les acheter et beaucoup de nos brillants entrepreneurs s'empressent de déplacer leurs usines en Chine pour de plus gros profits au détriment des travailleurs de chez nous.

Nous accusons la Chine de polluer la planète, mais les quatre plus grands pollueurs, par tête d'habitants, sont dans l'ordre: les USA, les Émirats Arabes Unis, la Finlande et le CANADA.

Et nous pouvons continuer la liste des récriminations contre la Chine. Mais selon le professeur Yu Ying-shih, le plus grand historien chinois: "La Chine est à la recherche d'une nouvelle identité nationale à la fois chinoise et moderne... ce n'est qu'en se réappropriant sa tradition qu'elle saura répondre au défi de la modernisation".

Oui, la Chine doit améliorer les droits de la personne, la liberté d'expression, etc. Mais arrêtons de jouer les belles-mères, balayons devant notre porte avant de demander à l'autre de laver plus blanc que blanc. Et comme le disait un humaniste célèbre: "Que celui qui n'a pas péché, jette la première pierre". En appliquant rigoureusement cette maxime, il y aurait pas mal moins de lapidations sur notre bonne vieille boule.

Bernard Fournelle

Granby