Le Canada n'est plus convaincu que la Russie mérite une place à la table du G8, ce prestigieux club international qui réunit les pays les plus industrialisés de la planète, à la suite de l'invasion de la Géorgie par les troupes russes le 6 août.

Le Canada a d'ailleurs entrepris de consulter les autres pays membres de ce forum (États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Allemagne, Japon) afin d'obtenir leur son de cloche à ce sujet, a appris La Presse.

Le candidat républicain aux élections présidentielles américaines, John McCain, a déjà affirmé que la Russie devrait être expulsée du G8 parce qu'elle affiche un piètre bilan en matière de démocratie, notamment sous la présidence de Vladimir Poutine (2000-2008) et aussi parce que ce pays ne partage pas les valeurs des autres membres de ce club.

M. McCain avait tenu ces propos sans équivoque en juillet, soit avant que la Russie envoie des troupes en Géorgie. À l'époque, le président russe Dmitri Medvedev avait tourné en ridicule les propos du candidat à la Maison-Blanche, affirmant que «les thèses sur l'exclusion de la Russie ou des pressions à son encontre ne sont pas sérieuses». Or, il appert que cette idée est maintenant discutée dans les capitales des autres pays membres du G8.

«Le Canada discute de la situation en Géorgie avec ses alliés, y compris au sein du G7 et de l'OTAN. Nous allons prendre une décision en consultation avec nos alliés qui partagent nos valeurs. Mais il est évident que nous sommes très troublés par les gestes récents de la Russie en Géorgie et cela nous force à nous interroger sur la nature de nos relations avec la Russie et le rôle de la Russie dans les affaires internationales», a expliqué une source au sein du ministère canadien des Affaires étrangères.

Le G7 a été créé dans les années 70 par les principales puissances économiques dans la foulée du choc pétrolier de 1973. La Russie a été invitée à participer de façon informelle au sommet du G7 en 1995 à Halifax. Elle en est devenue un membre permanent en 1998 et le groupe est devenu le G8.

De tous les leaders du G8, le premier ministre Stephen Harper s'est montré le plus critique du comportement de la Russie. M. Harper a notamment dénoncé « la mentalité de l'ère soviétique » qui prévaut à Moscou depuis quelque temps. « Je suis profondément préoccupé par cette notion que je vois surgir en Russie selon laquelle la Russie a son mot à dire ou peut contrôler les pays à l'extérieur de ses frontières. »

La semaine dernière, M. Harper a affirmé que le Canada revoit l'ensemble de ses relations avec la Russie et que l'attitude de Moscou pourrait même mettre en péril des contrats commerciaux, notamment un contrat de fourniture de gaz naturel par le géant russe Gazprom.

«Ce ne sera plus business as usual entre le Canada et la Russie», a confié vendredi un proche collaborateur du premier ministre sous le couvert de l'anonymat. Le Canada compte d'ailleurs augmenter ses activités de surveillance de la Russie dans l'Arctique à la suite de l'invasion russe.

La décision de la Russie d'envoyer des troupes en Géorgie a été condamnée par les pays occidentaux. Réunis d'urgence à Bruxelles, mardi, les pays membres de l'OTAN ont exhorté la Russie à retirer ses troupes le plus rapidement possible. Ils ont aussi suspendu les réunions de leur forum de coopération, le Conseil OTAN-Russie, créé en 2002. En représailles, Moscou a décidé officiellement de «geler» sa coopération militaire avec l'OTAN.

Les autorités russes se sont engagées à retirer leurs troupes à la suite d'un cessez-le-feu conclu il y a deux semaines. Mais, hier, les forces russes gardaient toujours le contrôle du port de Poti, dans l'ouest de la Géorgie, sur les côtes de la mer Noire, et disposaient de points de contrôle à une dizaine de kilomètres au nord de la ville géorgienne de Gori. La veille, la France et les États-Unis avaient appelé la Russie à «achever» son retrait de Géorgie «conformément aux engagements» de Moscou.

«Nous voulons que la Russie se conforme au plan de paix. S'ils ne le font pas, nous devrons réexaminer la situation», a mis en garde, sous couvert d'anonymat, un responsable de l'alliance atlantique.

– avec AFP