L'opposition péquiste met en cause le sens de l'éthique du premier ministre Jean Charest.

Elle juge en fait que M. Charest traite avec trop de légèreté la controverse autour d'un possible conflit d'intérêts impliquant l'ex-ministre Philippe Couillard, depuis qu'il a quitté la vie politique.

«Je suis très déçu de la réaction du premier ministre Charest», a déclaré le porte-parole péquiste en santé, Bernard Drainville, en point de presse, mardi.

«Je pense que s'il traite avec autant de légèreté des questions aussi importantes que celles que nous avons soulevées, cela pose la question du niveau d'éthique qu'il peut maintenir au sein de ce gouvernement», a-t-il ajouté.

L'opposition péquiste demande au premier ministre de dire s'il était au courant que l'ex-ministre de la Santé négociait avec son futur employeur du secteur privé, en juin dernier, tout en siégeant au conseil des ministres.

Le député Drainville a maintenu, mardi, que M. Couillard aurait dû se retirer de la table du conseil des ministres, parce qu'il y avait à tout le moins, selon lui, apparence de conflit d'intérêts.

M. Drainville réagissait à une dépêche de La Presse Canadienne qui faisait état d'un avis du Conseil exécutif daté du 20 juin.

Cet avis indiquait que M. Couillard, qui a quitté ses fonctions le 25 juin, n'allait enfreindre aucune règle en joignant les rangs d'une firme privée en santé.

Mais M. Drainville s'interroge à savoir comment il se fait que le Conseil exécutif ne lui a pas demandé de se retirer de la table, lors de l'adoption de décrets relatifs à l'encadrement des cliniques privées, à la séance du 25 juin.

Le critique péquiste en santé juge que, dans ce contexte, la demande du PQ pour la tenue d'une enquête en bonne et due forme du Commissaire au lobbyisme était plus pertinente que jamais.

Il dit miser sur l'opinion publique pour faire pression sur le Commissaire et sur le gouvernement, en vue de faire toute la lumière sur les circonstances entourant le passage de M. Couillard de la vie publique à la vie privée.

«Qu'on vide cette question-là une fois pour toutes», a dit M. Drainville.

Quand il a annoncé sa démission, le 25 juin, l'ex-ministre de la Santé, Philippe Couillard, avait déjà informé depuis un certain temps le Conseil exécutif qu'il projetait joindre les rangs d'une firme privée dans le secteur de la santé.

Après étude de son dossier, le Conseil exécutif - le ministère du premier ministre - lui a donné le feu vert une première fois le 20 juin, puis une seconde fois le 18 août, le jour où il annonçait son association avec la firme privée d'investissement en santé Persistence Capital Partners (PCP), qui chapeaute les cliniques privées Medisys.

Comme il l'avait fait la veille, le premier ministre Charest a rejeté du revers de la main, mardi, en point de presse, toute allégation de conflit d'intérêts relative à M. Couillard.

«C'est parfaitement clair et j'ai aucune hésitation à vous dire qu'il n'y a aucune espèce de conflit d'intérêts», a dit M. Charest.

Selon le premier ministre, les deux règlements encadrant le rôle accru du privé dans le réseau de la santé, adoptés par M. Couillard avant son départ pour le secteur privé, étaient connus depuis plusieurs mois et faisaient suite au jugement de la Cour suprême dans le dossier Chaoulli.

La directive gouvernementale impose un moratoire de deux ans aux ministres qui voudraient quitter leurs fonctions et joindre une entreprise avec laquelle ils ont eu des rapports «directs et importants» dans l'année précédant leur départ, ce qui n'a pas été démontré dans le cas de M. Couillard.