Les garanties légales dont bénéficient les travailleurs canadiens sont loin d'être les meilleures au monde, selon une nouvelle étude de l'Université McGill. Par rapport à près d'une centaine d'autres pays, ils ont notamment moins de vacances payées, un moins bon salaire durant les congés de maternité et moins de protections en cas de maladie. Par contre, le Canada est un leader au niveau des congés pris pour s'occuper de parents malades.

Le Québec s'en tire un peu mieux, notamment à cause des congés de maternité mieux payés - 70% du salaire, contre 55% ailleurs au Canada et 100% dans 106 pays - et des congés de paternité de six semaines, une garantie que seule une poignée de pays offre. «Très souvent, les congés de paternité sont en fait des congés parentaux que les pères ne peuvent pas prendre à cause de pressions de leur conjointe, de leur famille ou de leur employeur», explique Jody Heymann, l'auteure principale du rapport, pédiatre et spécialiste des politiques publiques à l'Institut de recherche sur les politiques sociales et de santé de McGill.

Le rapport tire son origine d'une étude du Dr Heymann lorsqu'elle était à l'Université Harvard, et qui portait sur les États américains. «Quand j'ai déménagé au Canada, voilà trois ans, je me suis intéressée au Canada. J'ai découvert que c'est un pays très particulier parce qu'une bonne part des conditions de travail sont déterminées par les provinces. J'ai décidé de faire un portrait national et de le comparer à d'autres pays.»

Trop peu de vacances...

Au chapitre des vacances, les Canadiens doivent généralement se contenter de deux semaines (notamment au Québec) s'ils n'ont qu'un an d'ancienneté, alors que 89 pays garantissent trois semaines ou plus. Le Québec est en tête de peloton, avec trois semaines garanties après cinq ans (comme cinq autres provinces) et une quatrième après 10 ans (une situation unique au pays).

Pour ce qui est des congés de maladie, 81 pays garantissent le versement intégral du salaire, contre 55% au Canada. Le Canada garantit par ailleurs très peu souvent le maintien du lien d'emploi en cas de maladie, contrairement à des dizaines d'autres pays. Les mères qui allaitent sont aussi désavantagées: alors que 114 pays garantissent des pauses allaitement au travail, aucune province ne le fait formellement (sept provinces, mais pas le Québec, ont vu leur commission des droits de la personne prendre des résolutions en ce sens).

«Il est certain qu'il s'agit de conditions minimales et que la comparaison des conditions réelles est peut-être moins au désavantage du Canada, prévient le Dr Heymann. Mais ce sont des conditions qui sont souvent inévitables pour les travailleurs peu qualifiés.»

L'influence des États-Unis explique-t-elle en partie la performance du Canada? «Je ne crois pas, dit le Dr Heymann. Au contraire, pour éviter l'exode des cerveaux, le Canada a tout avantage à offrir des avantages supérieurs. D'ailleurs, on voit de plus en plus souvent des entreprises américaines déménager leurs usines ici pour profiter des bénéfices comme l'assurance maladie. Aussi, si les États-Unis avaient une forte influence, il n'y aurait pas autant de variation entre les provinces.»