Normand Brathwaite avait promis que ce serait plus "lousse" qu'un tournage de l'émission "Belle et Bum" et il ne s'agissait pas de paroles en l'air. Présenté hier soir, sous un morceau de lune à moitié caché par les nuages, le premier spectacle monté par son équipe a permis aux milliers de personnes rassemblées sur la zone portuaire de Chicoutimi de vivre quelque chose qui ressemblait étrangement à un party.

Ouvrant la seconde partie du Festival international des Rythmes du monde, cet événement n'a pas mis de temps à décoller sur les chapeaux de roues. D'entrée, un classique de Plume, "Le rock'n roll du grand flanc mou", a été soufflé par la section de cuivres (trois musiciens, dont la Félicinoise Marie-Josée Frigon) et bien servi par le chanteur Alain François, dont l'énergie permettrait à la Marjolaine de faire l'aller-retour Chicoutimi-Tadoussac sans utiliser une once de mazout. Comme si c'était nécessaire, ils étaient une vingtaine à l'épauler sur scène, le genre de rassemblement qu'on ne voit qu'à la fin des téléthons.

Sur chaque interprétation, le groupe crée un véritable mur de son. Il évite cependant le piège de l'uniformité, se moulant au rap proposé par Imposs, "Vive la différence", aussi bien qu'à un blues de Stefie Shock dédié à son père et nettement plus torturé. On remarque également que tout ce monde a le coeur la fête. Ça se voit sur les visages et à travers les pas de danse, les mouvements exécutés par les musiciens, même ceux qui sont en retrait.

Comment résister à ce tourbillon tous azimuts? C'est franchement impossible, comme l'a montré la foule pendant l'excellent "Lever l'ancre", le succès du duo Alfa Rococo. Elle a chanté, crié, sauté à la manière de Justine Laberge (en prenant moins d'espace, quand même), puis répondu à l'appel de David Bussières, qui a mis à l'épreuve son sens du rythme en lui demandant de taper des mains en suivant la batterie. "Chicoutimi, on vous aime", a-t-il lancé à la fin de l'exercice, prélude à une finale rock de belle tenue.

Pas d'esprit de chapelle

On l'a signalé plus haut, l'équipe de "Belle et Bum" fait dans l'oecuménisme musical. Ainsi a-t-on pu apprécier "Las calles del sur", un titre de Florence K aux accents latino, puis une curiosité d'Alain François qui, précisons-le, a constitué le temps fort de la première moitié du spectacle.

Cette chanson folklorique s'appelle "La voisine d'à côté" et même s'il n'avait "que" sept personnes sur scène pour lui donner vie, elle a provoqué une réaction très forte de la part du public. Il est vrai que François est drôle, qu'il n'a pas peur du ridicule, et que la participation de Normand Brathwaite, qui illustrait le caractère grivois du texte en secouant frénétiquement une tête de lit, avait de quoi faire sourire.

Un autre invité, Zale Seck, a ajouté son grain de sel en offrant un titre signifiant "La rencontre", en sénégalais. Ce grand, très grand bonhomme, "est le seul gars que je connais qui peut s'habiller comme un divan et avoir l'air sexy", a commenté l'animateur. Il sait chanter, aussi, et danse avec un enthousiasme indéniable.

Avant de devoir quitter les lieux, heure de tombée oblige, le représentant du Quotidien a pu entendre un duo mère-fille mettant à contribution Johanne Blouin et Élisabeth Blouin-Brathwaite: "Le blues me guette". Ce fut intense et très particulier, puisque Normand Brathwaite a aussi joué de l'harmonica. On a ainsi découvert un volet original de la conciliation travail-famille, version bohémienne.