L'ex-ministre de la Santé, Philippe Couillard, est furieux. Il estime être victime d'une atteinte majeure à sa réputation de la part de l'opposition péquiste et affirme qu'il ne laissera personne attaquer son intégrité.

Lors d'une entrevue exclusive à La Presse Canadienne, dimanche, l'ex-ministre qui s'est joint récemment à une firme privée, a accepté pour la première fois de faire le point sur les allégations de conflit d'intérêts proférées contre lui par deux députés péquistes.

Il nie, en bloc, toutes ces allégations.

«Je ne tolérerai aucune atteinte à ma réputation et à mon intégrité», a dit l'ex-ministre, attrapé entre deux portes, alors qu'il se préparait à quitter le Québec pour un voyage avec son épouse.

D'un naturel placide, M. Couillard s'est toujours montré soucieux, au cours de ses cinq années passées en politique, d'adopter en toutes circonstances un ton posé. Mais dimanche, il fulminait, jugeant la situation «infernale».

Jusque-là, a-t-il dit, il n'avait jamais exclu, après un passage au privé, revenir un jour en politique, mais il a été tellement «dégoûté» par le discours tenu dans le clan péquiste et certains reportages parus au cours des dernières semaines que le scénario d'un retour était désormais «extrêmement improbable».

Selon lui, cette histoire pourrait bien détourner également d'autres personnalités de la vie politique.

De retour d'un voyage à l'extérieur du Québec, M. Couillard semblait stupéfait après avoir pris connaissance de tout ce qui a été dit et écrit à son sujet depuis qu'il a quitté la vie politique, fin juin, pour joindre les rangs de la firme d'investissement privée en santé, Persistence Capital Partners (PCP), en août.

L'opposition péquiste lui reproche essentiellement deux choses: d'avoir fait adopter, juste avant son départ, deux décrets qui pourraient favoriser les cliniques privées, puis d'avoir eu des contacts avec la firme PCP alors qu'il était toujours ministre, ouvrant ainsi la porte au partage d'informations confidentielles.

Préoccupés par une possible dérive éthique, la semaine dernière, les députés péquistes Stéphane Bédard et Bernard Drainville ont réclamé une enquête en bonne et due forme du Commissaire au lobbyisme pour faire toute la lumière sur cette histoire.

Jusqu'à maintenant, le commissaire a dit qu'il ferait une vérification, pour s'assurer que toutes les règles avaient été respectées.

M. Couillard dit ne pas craindre les conclusions du commissaire, plaidant avoir toujours agi en toute transparence.

Si on lui demande s'il était prudent pour un ministre de la Santé de passer aussi rapidement à l'emploi d'une firme, il répond que «comme tout le monde, il faut que je travaille».

Il affirme n'avoir eu que des contacts «informels» d'ordre «général» avec PCP quand il était ministre et que toutes les négociations relatives à son embauche ont eu lieu après le 25 juin, date de sa démission.

Par ailleurs, il soutient que PCP n'a jamais eu de relations d'affaires avec son ministère. «Je défie quiconque d'en trouver une», dit-il.

Quant aux décrets, contrairement aux informations qui ont circulé, il affirme qu'ils n'ont pas favorisé les cliniques privées, mais qu'ils leur ont, au contraire, compliqué la vie et créé de nouvelles obligations.

Des informations ont circulé alléguant qu'un décret faisait en sorte de réduire de moitié le coût du permis d'exploitation des cliniques privées et d'augmenter de façon significative le nombre de chirurgies pouvant y être pratiquées.

«C'est farfelu», dit M. Couillard, car il n'y avait pas de frais auparavant.