Les autorités somaliennes tentaient dimanche de localiser les journalistes canadien, australien et somalien enlevés samedi par des inconnus armés près de Mogadiscio, a expliqué un responsable du gouvernement somalien à l'AFP.

Les trois journalistes, ont été enlevés samedi à la mi-journée par des inconnus armés sur la route reliant la capitale à Afgoye, à 25 km plus à l'ouest, où ils avaient l'intention de visiter des camps de déplacés. Le Somalien travaillait comme «fixer» pour ses deux collègues étrangers.

Dimanche, tant les proches du journaliste somalien que les autorités ignoraient leur lieu de captivité.

«Nous avons des informations selon lesquelles ils sont toujours retenus otages, mais l'endroit de leur captivité est toujours inconnu», a déclaré à l'AFP un porte-parole du gouvernement de transition somalien, Abdi Haji Gobdon.

«Nous ne sommes pas certains, mais les informations qui nous parviennent jusqu'à présent indiquent qu'ils ont été enlevés par une milice indépendante dans le but de demander une rançon», a expliqué à l'AFP Mohamed Elmi, le père du journaliste somalien enlevé.

Selon le secrétaire général de l'Union nationale des journalistes somaliens (Nusoj), Omar Faruk Osman, qui a «condamné cet incident», les deux journalistes étrangers enlevés sont Amanda Lindhout, de nationalité canadienne, et Nigel Brennan, un photographe indépendant australien.

L'organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF), qui a fait part dimanche dans un communiqué de «son inquiétude», précise que Amanda Lindhout, habituellement basée à Bagdad, collabore avec les chaînes de télévision France 24 et Global National News.

Samedi, un responsable du magazine local Red Deer Advocate, situé dans la province canadienne d'Alberta et auquel Amanda Lindhout collabore comme pigiste, avait indiqué à la chaîne publique canadienne CBC que celle-ci se trouvait actuellement dans la région de la Corne de l'Afrique.

La journaliste et son confrère étaient arrivés en Somalie le 20 août, ajoute RSF.

Le ministère canadien des Affaires étrangères a indiqué samedi que sa représentation diplomatique au Kenya était «en contact avec les autorités locales afin de confirmer» l'enlèvement des journalistes.

En Australie, une porte-parole du ministère des Affaires étrangères a expliqué dimanche que l'ambassade au Kenya cherchait à savoir si Nigel Brennan avait effectivement été kidnappé.

Dans un communiqué publié par le ministère australien des Affaires étrangères, la famille de Nigel Brennan s'est dite «très inquiète». «C'est un journaliste indépendant qui était arrivé au Kenya il y a un peu plus d'une semaine», selon le texte.

Les enlèvements de journalistes et de travailleurs humanitaires sont fréquents en Somalie, pays en guerre civile depuis 1991. Ces enlèvements sont pour la plupart suivis de demandes de rançon.

«La situation en Somalie, où les milices obéissent à des motivations souvent très diverses et où les rapts de journalistes ou de personnels humanitaires sont fréquents, incite à la plus grande prudence», rappelle RSF.

Mogadiscio est le théâtre d'attaques meurtrières quasi quotidiennes depuis la débâcle fin 2006-début 2007 des militants islamistes qui contrôlaient depuis six mois la majeure partie du sud et du centre du pays.

Ces attaques et leurs ripostes ont provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes hors de la capitale. Environ 250 000 d'entre elles s'entassent dans quelque 70 camps de déplacés à Afgoye.