Après avoir été témoin des spectacles donnés par quatre artistes à Chicoutimi, dans le cadre d'un projet piloté par le Festival international des Rythmes du monde et Vision Diversité, la présidente de cet organisme, Aïda Kamar, ne tarit pas d'éloges à l'endroit des Saguenéens et des Jeannois.

"C'était magnifique! Je suis fascinée par le public de ce festival, notamment par la qualité de son écoute. Il est vraiment là. Il chante, il participe. Il se signale par son adhésion", a-t-elle commenté hier, à l'occasion d'une entrevue accordée au Quotidien.

Tous les artistes associés à cette expérience ont chanté sur la zone portuaire, du 1er au 3 août dernier. Il s'agit de l'ensemble Kabakuwo, du duo formé de Gabi Macaluso et Youri Slovak, du Gotta Lago Project et de la formation reggae Deya. L'accueil qu'on leur a réservé fut si enthousiaste que d'autres projets commencent à prendre forme dans l'esprit de la présidente.

"Nous nous parlerons à la fin de la présente édition, mais l'an prochain, je souhaite avoir une scène où il serait possible de donner un spectacle continuel, étalé sur plusieurs heures. Nous avons utilisé cette formule plus tôt cet été, à Montréal, et elle a été très appréciée", souligne Aïda Kamar.

Fondée il y a un peu plus de deux ans, Vision Diversité met en valeur la diversité culturelle du Québec par le biais de la création artistique. C'est cette philosophie qui balise le partenariat noué avec le festival, qui bouclera la boucle en accueillant, samedi et dimanche, les groupes Estaçao da Luz et Les Contes de Normanville.

"En présentant des musiciens venus d'ailleurs et des Québécois de souche, nous faisons découvrir au public la richesse du métissage qui s'opère ces temps-ci. Nous ne sommes ni des producteurs, ni des gérants. Notre rôle consiste à proposer des plates-formes qui aident les artistes à se faire connaître", énonce madame Kamar.

Régions ouvertes

En plus d'être associé au Festival international des Rythmes du monde, Vision Diversité a lancé un projet de concert avec le festival Village en chanson de Petite-Vallée, en Gaspésie. Pour la première fois cette année, 12 artistes provenant d'horizons différents ont travaillé pendant dix jours afin de monter un spectacle. Là aussi, il est question de récidiver.

Le succès de ces initiatives donne à penser qu'en matière d'ouverture, les régions affichent de belles dispositions. Elles que certains, dans les médias de la Métropole, se plaisent à caricaturer, préférant les voir repliées sur elles-mêmes, ne se montrent pas moins réceptives que les grands centres, estime Aïda Kamar.

"J'ai fait partie de la Commission Bouchard-Taylor en tant que membre d'un comité-conseil formé de 16 penseurs et intellectuels. J'ai suivi ses activités pendant six mois et ce n'est pas vrai qu'en région, il y a une fermeture. Au contraire, on a senti une volonté d'ouverture", fait-elle observer.

Loin de reprocher aux Québécois de souche de manifester de l'inquiétude à l'égard de leur identité francophone, Aïda Kamar prend acte de la fragilité de cette société nichée au coeur de l'Amérique anglophone. "Je peux le comprendre. Ce n'est pas du racisme", avance la présidente de Vision Diversité.

Poussant plus loin son raisonnement, elle croit que le gouvernement provincial devrait établir clairement les règles du jeu, histoire de favoriser une meilleure intégration des immigrants. "Il doit proclamer qu'ici, il y a une société francophone où hommes et femmes sont égaux, avec des valeurs spécifiques, et que c'est dans ce terreau que doivent pousser les nouvelles racines", décrit Aïda Kamar.