James Moore, le ministre fédéral responsable des Jeux olympiques (JO) d'hiver de 2010, qui auront lieu à Vancouver, a réfuté vendredi les accusations prétendant qu'il utilisera son importante contribution au financement pour dicter le contenu des cérémonies d'ouverture.

Mais des spécialistes des Olympiques répliquent toutefois qu'il serait naïf de croire que l'événement phare des Jeux ne comportera pas de contenu politique, parce que ce genre de contenu a toujours été présent.

Le gouvernement a été critiqué, cette semaine, lorsque le contenu d'une note confidentielle a été rapporté dans les médias. Cette dernière faisait état des conditions à la contribution de 20 millions $ du ministère du Patrimoine canadien pour les cérémonies d'ouverture des JO - ce qui correspond à un peu plus de la moitié du budget total de 38 millions $.

La note d'un bureaucrate du ministère, datée du 5 février, souligne que l'argent est un investissement «pour assurer que l'événement reflète adéquatement les priorités du gouvernement et qu'il l'aide à atteindre ses objectifs nationaux (branding) de politique intérieure et internationale».

La note, qui a été obtenue par le recherchiste Ken Rubin en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, indique également que toutes les modalités seront inscrites à l'entente pour s'assurer qu'elles soient claires.

«Ces conditions garantiront que le ministère pourra participer et surveiller le VANOC adéquatement», indique le mémorandum.

Le VANOC désigne le Comité d'organisation des Jeux olympiques de Vancouver, qui est responsable de l'organisation des Jeux.

M. Moore, a qualifié de «ridicule» l'idée qu'Ottawa dicte l'aspect créatif des cérémonies à des fins politiques.

Le gouvernement, qui compte trois personnes au sein de la direction du comité organisateur, travaille en collaboration avec le comité, a ajouté M. Moore, en entrevue d'Ottawa.

Un ancien olympien et membre honoraire du Comité olympique canadien, Bruce Kidd, a pour sa part indiqué que le comité d'organisation de Vancouver aurait toujours de bons moyens de négociations, même si Ottawa avait des demandes spéciales concernant les cérémonies d'ouverture.

«Ils peuvent toujours dire 'nous ferons savoir que vous avez établi des conditions qui étaient inacceptables ou alors nous réduirons simplement la taille de la cérémonie», a expliqué Kidd.

«Et si les gens demandent une explication, nous leur dirons que 'le gouvernement canadien voulait seulement nous offrir son appui s'il pouvait obtenir tout ce qu'il avait en tête'», a-t-il poursuivi.

Frank King, qui a dirigé le comité organisateur des JO d'hiver de Calgary, en 1988, a affirmé qu'il n'y avait rien de sinistre à ce qu'Ottawa veule «participer et surveiller de façon adéquate», comme l'indique le mémorandum.

«Je crois que le mot 'approprié» dit tout ici. Ils investissent la moitié. Ils ont beaucoup à dire sur ce qui s'y retrouvera», a-t-il expliqué, en entrevue alors qu'il se trouvait à Calgary.

M. King a ajouté que son comité avait fréquemment eu à s'entendre avec Ottawa sur des éléments des Jeux que le gouvernement fédéral avait précisément subventionnés, comme le Parc Olympique Canada au centre-ville de Calgary.