Le 15 juillet, l'intervention de Ryan Murphy a permis aux policiers de retrouver rapidement un petit garçon enlevé à Lévis, au grand soulagement des proches de l'enfant. Humble et discret, M. Murphy affirme n'avoir fait là que son devoir de citoyen.

«Cet homme-là est le sauveur de mon fils. S'il n'avait pas suivi la voiture du kidnappeur et appelé la police, mon enfant ne serait plus là. Je n'ai pas peur de le dire.»

La mère du petit garçon enlevé à Lévis le 15 juillet n'a que de bons mots pour Ryan Murphy, l'homme qui a contribué à retrouver son fils moins d'une heure après son enlèvement. « Le mérite revient absolument à Ryan, dit la mère. Toute notre famille lui sera infiniment reconnaissante. »

Pour ce geste par lequel il a sauvé une vie, La Presse et Radio-Canada nomment Ryan Murphy Personnalité de la semaine.

Le jeune menuisier de 24 ans estime qu'il a simplement fait son devoir de citoyen. «J'ai fait ce que je devais faire», affirme ce natif de Montréal, que La Presse a rencontré trois semaines après les événements.

Le mardi 15 juillet, peu après 18 h, Ryan Murphy patiente à un feu rouge de la Grande-Allée, à Québec. Soudain, le coffre de la Chevrolet qu'il suit s'ouvre. À l'intérieur, il voit un petit garçon. M. Murphy croit d'abord qu'il s'agit d'une famille nombreuse, mais il se ravise rapidement : le conducteur sort et referme brutalement le coffre à deux reprises.

Suspicieux, Ryan Murphy suit la Chevrolet sur 6 km, jusqu'à ce que le conducteur se gare devant un immeuble d'habitation de l'avenue du Belvédère. Il mémorise le numéro de la plaque d'immatriculation et file chez lui, dans la Basse-Ville de Québec, pour composer le 911.

«Les policiers m'ont rappelé en soirée pour que je revienne devant l'immeuble», raconte Ryan Murphy. On lui précise alors que son appel coïncidait avec l'enlèvement d'un enfant à Lévis, vers 18 h. Les policiers étaient d'ailleurs sur le point de déclencher une alerte Amber au moment où il les a avertis.

C'est là que Ryan Murphy réalise l'ampleur de l'affaire. «Je me suis dit : yes, je n'ai pas halluciné. Je n'étais plus trop certain de ce que j'avais vu. Pendant cette période-là, j'étais fatigué, je faisais des journées de fou...»

Dix minutes plus tard, Ryan Murphy aperçoit le suspect sortir de l'immeuble, menottes aux poignets, escorté par les policiers. On connaît la suite : l'enfant est retrouvé ligoté mais sain et sauf dans un réservoir à mazout désaffecté, au sous-sol de l'immeuble où le suspect travaillait comme concierge. La même semaine, Pierre Defoy, 50 ans, est accusé d'enlèvement, de séquestration, d'agression sexuelle, de voies de fait graves et d'incitation à un contact sexuel.

Ryan Murphy entre alors dans un tourbillon médiatique. Il accepte de donner cinq entrevues, tout au plus. « Des journalistes appelaient de partout, même de l'Ontario. C'est ma blonde qui répondait. On essayait de partir le plus tôt possible de la maison. »

Le samedi suivant, Ryan Murphy répond à l'invitation de la mère de la victime. Si le jeune homme préfère ne pas parler de cette rencontre par respect pour la famille, la mère de l'enfant en garde un souvenir émouvant. « C'était chargé d'émotions, de pleurs, de remerciements », raconte-t-elle. Elle ajoute qu'elle entend garder contact avec Ryan Murphy.

Le jeune homme a ensuite filé à l'Île-du-Prince-Édouard avec sa copine pour y passer les vacances de la construction. «Disons qu'après tous les événements, ça m'a fait du bien!» raconte-t-il.

Il faut dire que Ryan Murphy ne raffole pas de sa nouvelle notoriété. Il était même hésitant à accorder une entrevue à La Presse. «Je suis quelqu'un d'assez calme, de discret. Je me tiens avec mes amis, des gens proches. Disons que je n'ai jamais cherché à être connu», confie-t-il.

Qu'il le veuille ou non, Ryan Murphy devra s'y faire. Encore aujourd'hui, des proches, des collègues de chantier, des voisins et même de purs inconnus le félicitent ou le remercient.

«Ce n'est pas tout le monde qui aurait fait ce qu'il a fait, croit la mère de la victime. De nos jours, les gens se mêlent beaucoup trop de leurs petites affaires. Pas Ryan. Pour moi, pour mon fils et pour toute notre famille, il est un héros.»

Ce n'est pas tout le monde qui aurait fait ce qu'il a fait, croit la mère de la