Le nouveau grand chef du conseil de bande de Kanesatake, Sohenrise Paul Nicholas, a condamné hier le comportement des Mohawks qui ont saccagé deux véhicules de la Sûreté du Québec (SQ) et dressé une barricade sur la route 344 dans la nuit de vendredi à samedi. À son avis, ces événements n'ont rien à voir avec l'arrivée du nouveau conseil de bande, élu il y a à peine deux semaines.

«Je suis vraiment déçu, a affirmé à La Presse Sohenrise Paul Nicholas. Je déplore ce qui est arrivé et ça m'attriste, mais avant de montrer du doigt qui que ce soit, je veux entendre les versions de tout le monde.»

En début de soirée vendredi, trois jeunes Mohawks ont été arrêtés par des agents de la SQ alors qu'ils se trouvaient à bord d'une voiture volée. Vers minuit, des camions ont violemment percuté deux véhicules de la police et un tronc d'arbre en flammes a été placé à l'entrée de Kanesatake par un groupe de jeunes Mohawks.

Hier, le conseil de bande s'est réuni toute la journée pour décider des actions à prendre à la suite de cette affaire. Aux locaux du conseil de bande de Kanesatake, le téléphone ne cessait de sonner. Une réceptionniste a même été appelée en renfort pour recueillir les témoignages des autochtones.

À la fin de la journée, le grand chef du conseil de bande n'a pas voulu tirer de conclusions de la rencontre. Il a toutefois indiqué qu'une réunion d'urgence ouverte à la population se tiendrait jeudi soir afin de «trouver des solutions».

Retour des tensions?

La barricade sur la route 344 n'a tenu que quelques heures. Elle rappelle toutefois les tensions qui subsistent entre certains membres de la communauté et la SQ, chargée de patrouiller le territoire depuis l'incendie de la résidence de l'ancien grand chef James Gabriel. Le retour d'une police autochtone a d'ailleurs été l'un des principaux enjeux de la campagne électorale.

«Les policiers qui patrouillent à Kanesatake sont debout sur un plancher de bananes, affirme le président du syndicat de la SQ, Jean-Guy Dagenais. Certains sont frustrés car ils ne peuvent pas effectuer leur travail comme ailleurs. Ils doivent toujours mettre des gants blancs.»

M. Dagenais demande que des accusations soient portées contre les malfaiteurs qui ont embouti les deux voitures de la SQ. À son avis, la présence policière est suffisante sur le territoire de la communauté, mais le retour d'une force policière autochtone est souhaitable.

Du côté de la SQ, on précise que les relations sont bonnes entre le corps policier et le conseil de bande. «On fait affaire à un petit groupe de récalcitrants», dit le sergent Michel Brunet.

Selon lui, aucun manifestant n'a été arrêté en relation avec l'érection de la barricade et les actes de vandalisme commis contre des véhicules de la SQ. Les trois jeunes interceptés dans la voiture volée sauront s'ils font face à des accusations dans quelques semaines.