Les chefs de police doivent impérativement garnir leurs rangs d'agents qui reflètent le portrait de leur communauté, ou alors c'est la confiance de la population envers les autorités qui s'effritera.

James Drennan, doyen du School of Business and Technology du collège Fleming en Ontario, a pressé hier les chefs de police canadiens réunis en congrès à Montréal d'adapter leurs méthodes de recrutement pour «briser l'homogénéité» des corps de police.

La police doit s'appliquer à rendre la profession attrayante dès le plus jeune âge, notamment en tissant des liens avec les jeunes et leurs parents. À cause du déclin démographique, les candidats intéressants sont courtisés par toutes les entreprises. «Il ne suffit plus de publier une annonce pour dire aux gens que nous recrutons. C'est un monde très compétitif. Il faut aller les chercher dans les collèges et universités. Mais ce n'est pas le cas pour la police au Canada.»

Les forces policières ont notamment besoin de plus d'agents qui viennent des communautés ethniques et des Premières Nations. Pour y arriver, selon M. Drennan, il faudra peut-être revoir certains critères d'embauche, comme la maîtrise des langues ou l'âge des candidats. La police doit aussi se rapprocher des immigrants de première génération pour les mettre en confiance. «Ils ont parfois une perception négative de la police canadienne qui leur vient de leur pays d'origine», dit M. Drennan. Ainsi, quand les immigrants ont confiance en la police, la profession devient honorable pour leurs enfants.

«Il y a une volonté à reconnaître que les corps de police ne sont pas aussi diversifiés qu'ils devraient l'être», dit cependant M. Drennan. Mais le temps presse. Qu'arrivera-t-il si la police tarde à s'adapter? «On peut perdre la confiance de la population en une nuit, à cause d'un incident», dit M. Drennan, en citant notamment les événements survenus à Ipperwash en 1995. La police ontarienne et les autochtones qui occupaient un parc national s'étaient violemment affrontées. Un des manifestants autochtones était tombé sous les balles de la police.

Les policiers n'ont plus simplement à appliquer la loi, mais doivent jongler avec des situations délicates qui s'apparentent plus à de la justice sociale, dit M. Drennan. Disputes conjugales, manifestations étudiantes ou autochtones... «La société utilise la police comme mécanisme pour régler les problèmes sociaux», dit M. Drennan. L'avenir de la police sera en bonne partie d'apprendre à user de tolérance. Car malheureusement pour elle, dit M. Drennan, la police est au coeur des problèmes sociaux. «Les policiers se doivent d'être plus intelligents, plus humains et plus tolérants.»