Avec le cynisme grandissant de la population face aux politiciens, il devient de plus en plus difficile de vendre l'idée de la souveraineté, a estimé le député et ex-ministre du Parti québécois, François Legault.

«Il faut être réaliste. Actuellement, c'est très difficile de parler de projet collectif, que ce soit en environnement, que ce soit un grand projet comme la souveraineté, a dit hier M. Legault, à l'entrée du caucus de fin d'été du Parti québécois, à Bécancour, dans le Centre-du-Québec. Les gens sont très cyniques. Il y a comme une perte de confiance envers toute la classe politique.»

Il vaudrait mieux, selon lui, être un bon gouvernement et régler d'abord les problèmes économiques et sociaux du Québec, a-t-il souligné, avant d'être corrigé par sa chef, Pauline Marois, pour qui l'option souverainiste est toujours au goût du jour.

«Les gens recherchent de nouveaux défis, des nouveaux projets qui vont les emballer, a-t-elle soutenu. Nous pensons qu'il faut au contraire reprendre le débat, retrouver les raisons fondamentales pour lesquelles il est nécessaire d'avoir notre propre pays.»

La chef péquiste admet toutefois qu'il existe un certain cynisme à l'égard des politiciens, alimenté selon elle par des gestes comme le passage controversé de Philippe Couillard dans une entreprise privée de soins de santé, moins de deux mois après sa démission comme ministre de la Santé.

De passage à Bécancour pour encourager les troupes péquistes et préparer une éventuelle campagne électorale, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, s'est dit essentiellement d'accord avec la chef péquiste, estimant que le débat était toujours au coeur des préoccupations des gens, l'option souverainiste ralliant encore plus de 40% des Québécois. «Il faut démontrer en quoi la souveraineté répond le mieux aux besoins de la population, a dit M. Duceppe. Ça demeure pertinent, il faut en parler. C'est quand on ne parle pas des choses que le cynisme s'installe.»

Il promet d'ailleurs de faire de la souveraineté un enjeu majeur de sa campagne électorale, advenant un scrutin fédéral qu'il attend pour l'automne.

Visiblement mal à l'aise, les députés Bernard Drainville et Daniel Turp ont refusé de commenter les déclarations de leur collègue.

Le Parti québécois, qui fête ses 40 ans en octobre, travaille actuellement à la préparation d'un manifeste de la souveraineté, qui sera présenté cet automne.

Le chef de l'Action démocratique du Québec, Mario Dumont, a pour sa part profité des déclarations du député péquiste de Rousseau pour réitérer sa volonté d'unir les Québécois derrière son concept d'autonomisme. «François Legault arrive avec une lecture assez réelle de ce que les Québécois pensent», a dit M. Dumont, jugeant que l'option souverainiste n'est plus au goût du jour.

Hydrocarbures

Par ailleurs, le Parti québécois s'est engagé à favoriser, s'il était porté au pouvoir, l'exploration et l'exploitation d'hydrocarbures au Québec. Plusieurs projets avaient été abandonnés dans les dernières années, dont celui d'Old Harry, dans le golfe du Saint-Laurent, faute d'obtenir l'accord d'Ottawa et de Terre-Neuve.

Le PQ évalue que le gouvernement pourrait empocher en 10 ans autour de 20 milliards de dollars provenant de redevances et d'autres revenus tirés de l'exploitation pétrolifère et gazière de ce site au large des Îles-de-la-Madeleine.

Une société d'État à l'image d'Hydro-Québec pourrait se consacrer à l'exploration et l'exploitation des différents sites potentiels. La production d'hydrocarbures pourrait représenter une source importante de richesse pour le Québec, a indiqué la chef péquiste. «Ça ne veut pas dire qu'on en profiterait pour augmenter la consommation, au contraire, a ajouté Mme Marois. Cependant, ça nous permettrait de nous libérer de la dépendance au pétrole étranger et améliorerait notre balance commerciale.»

Avec la collaboration de Catherine Handfield.