La mère d'une Québécoise séquestrée depuis trois ans en Arabie Saoudite a supplié hier les autorités du royaume wahhabite de délivrer les visas permettant à sa fille et à ses petits-fils de rentrer au Canada.

«Je demande à l'Arabie Saoudite de voir le cas de Nathalie comme un cas particulier et d'émettre des visas de sortie pour elle et ses deux fils», a dit avec émotion Johanne Durocher, la mère de Nathalie Morin, lors d'une conférence de presse.

Pour quitter l'Arabie Saoudite, Nathalie Morin, 24 ans, a besoin de l'autorisation écrite de son mari, qui a toujours refusé de la laisser partir avec leurs deux fils de 6 et 5 ans. Une situation d'autant plus absurde que l'homme n'a que faire de ses enfants, a soutenu Mme Durocher.

La situation presse, a-t-elle poursuivi, car sa fille attend un troisième enfant, contre son gré, et il est urgent qu'elle revienne au pays afin de recevoir des soins médicaux.

«Elle croit être enceinte de quatre mois, mais n'a pas vu de médecin malgré une grossesse difficile», s'est indignée Mme Durocher.

Mme Morin a rencontré Saeed Al-Shahrani en 2001 à Montréal. Séjournant illégalement au Canada, il a été expulsé en 2002. Mme Morin l'a rejoint en Arabie Saoudite deux ans plus tard.

Très rapidement, M. Al-Shahrani a commencé à frapper sa femme et à la priver de sortie, a raconté Mme Durocher. Aujourd'hui, la Québécoise vit enfermée avec ses enfants dans une maison sommairement aménagée.

«Tous les trois ne vivent pas dans un lieu sain. Ils sont mal nourris et les enfants ne jouent jamais dehors», a dit Mme Durocher.

Des conditions de vie sordides

Selon le journal saoudien Al-Riyadh, le consul canadien aurait récemment rendu visite à Mme Morin et à ses deux fils. Le diplomate se serait dit «consterné par les conditions sordides» dans lesquels vivent les trois Québécois. L'article, très favorable à M. Shahrani, ne faisait pas état des supplices endurés par sa femme, qui n'a d'ailleurs pas été interviewée.

Bien que le gouvernement canadien soit «préoccupé» par la situation de Mme Morin, il ne peut s'ingérer dans les affaires saoudiennes, a expliqué à La Presse Rodney Moore, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

«L'Arabie Saoudite étant un pays souverain, toute entente entre Mme Morin et son époux devrait suivre les lois et les règlements saoudiens», a-t-il expliqué.

Des agents consulaires appuient Mme Morin dans sa recherche d'entente avec son époux, a précisé M. Moore.

«On demande que le gouvernement saoudien aide à faire pression sur Saeed Al-Shahrani pour laisser partir Nathalie et ses deux garçons», a dit pour sa part la porte-parole du Bloc québécois en matière d'Affaires étrangères, Francine Lalonde, qui soutient la famille de Mme Morin.