Une gastroentérite puissante est particulièrement virulente cet été auprès de la communauté gaie montréalaise. Au cours des deux derniers mois, 13 personnes ont contracté la shigellose dans la métropole, soit trois fois plus que le nombre prévu par les autorités sanitaires.

La shigellose est une gastroentérite causée par la bactérie shigella. Les personnes qui en sont atteintes éprouvent des fièvres élevées, des nausées, des vomissements, mais surtout, d'importantes diarrhées.

Un Montréalais qui a contacté la maladie, mais qui préfère garder l'anonymat, a confié à La Presse qu'il allait à la toilette «une cinquantaine de fois par jour». Du sang peut également se retrouver dans les selles. Ces symptômes fort désagréables peuvent durer jusqu'à sept jours.

«Dans les pays du tiers-monde, des millions de personnes sont touchées par la shigellose chaque année. Au Québec, c'est relativement rare», affirme Karl Weiss, microbiologiste à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

Même si le nombre de Montréalais victimes de la shigellose reste minime, la direction de la santé publique (DSP) de Montréal a cru bon de distribuer des cartons d'avertissement dans le village gai. «Jusqu'à maintenant, les cas rapportés sont presque exclusivement des hommes gais (...) Nous gardons la situation à l'oeil», affirme la porte-parole de la DSP de Montréal, Lise Chabot.

Sur son site Internet, la DSP prévient que la shigellose s'attrape «très facilement, car même en petite quantité, la bactérie peut causer la maladie».

La shigellose se transmet de façon anale-buccale. Toucher une surface ou une partie du corps qui a été en contact avec les bactéries de l'intestin suffit pour attraper la maladie.

Le meilleur moyen de se protéger est de se laver les mains régulièrement. Pour les gens qui ont des relations sexuelles comportant un contact entre la bouche et l'anus, la DSP recommande d'utiliser une digue dentaire et de laver soigneusement les jouets sexuels.

Une fois infecté par la shigellose, il faut consulter un médecin qui prescrira des antibiotiques.

Dans les pays du tiers-monde, la shigellose peut être mortelle. «Ici, personne n'en meurt», assure M. Weiss. Mais les personnes au système immunitaire affaibli, comme les personnes vivant avec le VIH, doivent être vigilantes.

Au cours des deux premiers mois de l'année, aucun cas de shigellose n'a été signalé à Montréal. Les 13 nouveau cas qui l'ont été depuis le 18 juin gardent donc la DSP sur le qui-vive. «Nous sommes en contact avec toutes les régions du Québec pour suivre à la trace cette maladie, qui est à déclaration obligatoire», dit Mme Chabot.

«C'est vrai qu'il y a de plus en plus de cas», reconnaît M. Weiss, qui répète qu'il ne faut vraiment pas beaucoup de microbes pour être infecté à la shigellose.