La plupart des entreprises qui ont touché une aide financière de la part d'Hydro-Québec pour optimiser l'efficacité énergétique de leurs bâtiments, en 2004 et 2005, auraient effectué les travaux d'amélioration de toute façon, révèle une évaluation externe.

Malgré cela, le programme d'optimisation énergétique des bâtiments commerciaux et institutionnels n'avait atteint, à la fin 2005, que le quart de son objectif d'économie d'énergie.

Dans un rapport récemment déposé auprès de la Régie de l'énergie, le Consortium ADEC-Géocom estime à 61,5% le «taux d'opportunisme global» du programme en 2004 et 2005. Ce taux dénote la proportion d'entreprises qui ont présenté une demande après avoir terminé les travaux ou qui ont reconnu, au cours d'une enquête téléphonique, qu'ils auraient mis en place les améliorations même en l'absence du programme.

Les délais pour l'approbation d'une demande étant de plusieurs mois, certaines entreprises préfèrent aller de l'avant sans attendre le feu vert de la société d'État, souligne le rapport.

Jusqu'à tout récemment, le programme permettait aux entreprises de toucher jusqu'à 500 000 $ pour des projets visant des économies d'au moins 10 MWh par année. Le plafond a été éliminé au début juin. Le montant de la subvention varie en fonction du pourcentage d'économie d'énergie obtenu (il s'établit entre 5 et 55 cents le kWh). En 2004 et en 2005, 136 entreprises ont profité du programme et ont touché un total de 15 millions $ en subventions.

ADEC-Géocom conclut que seulement la moitié des économies d'énergie mesurées par le système de suivi pouvaient être attribuées au programme en 2004 et en 2005. Ces 20,4 GWh/an ne représentaient que 47,7% des 42 GWh/an pour lesquels Hydro a versé des subventions, et à peine 24,8% de l'objectif global de 82,2 GWh/an que la société d'État s'était fixé pour la fin de 2005.

L'évaluation reproche aussi à Hydro d'avoir établi des critères d'admissibilité trop laxistes, y voyant même «une invitation à l'opportunisme». Ainsi, le programme récompense les améliorations qui excèdent les normes du Code modèle national de l'énergie pour les bâtiments de 1997 (CMNEB-97), déjà dépassé à plusieurs égards.

«Les bâtiments construits récemment étant moins énergivores que ceux décrits par le CMNEB-97, il en découle que, du point de vue des règles du programme, ces bâtiments ont produit des économies d'électricité alors qu'en réalité, sans le programme, on les aurait souvent construits de la même façon», peut-on lire dans le rapport de plus de 150 pages.

«De façon générale, l'évaluateur est d'avis que le programme ne pousse pas suffisamment loin la notion de véritables économies d'électricité auprès de sa clientèle cible», ajoute-t-on.

Dans un document déposé vendredi à la Régie, Hydro assure qu'elle améliore constamment le programme afin de réduire l'opportunisme. La popularité des subventions ne se dément pas: Hydro en a versé pour 32 millions $ en 2006 et pour 38 millions $ en 2007 $. On prévoit des versements de 50 millions $ en 2008 et de 55 millions $ en 2009. L'an prochain, on vise la réalisation de plus de 500 projets pour des économies nettes de 164 GWh.

Hydro-Québec prévoit investir plus de 262 millions $ en 2009 au chapitre de l'efficacité énergétique, afin de réduire de 924 GWh la consommation électrique de ses clients, dont 421 GWh dans le secteur résidentiel.