Un petit groupe de jeunes Mohawks traditionalistes de Kahnawake manifeste depuis jeudi soir devant la machinerie du chantier de prolongement de l'autoroute 30, à Saint-Constant. Les jeunes, masqués, affirment que le conseil de bande a vendu illégalement le terrain au gouvernement du Québec.

«Nous ne bougerons pas», affirme un jeune Mohawk de 24 ans, installé sous une grande pancarte où l'on peut lire: «Mohawk territory. No trespassing».

Karonhia Wolfclan assure que le groupe compte manifester pacifiquement pour parvenir à ses fins. «On ne fera pas de trouble, dit-elle. Nous ne serons pas les agresseurs.»

Les travaux de prolongement de l'autoroute 30 ont commencé au début du mois de juin. Le tronçon d'une quinzaine de kilomètres, qui passera sur des terres agricoles, relie l'autoroute 30 à l'autoroute 15 à la hauteur de Candiac. Les travaux devraient être terminés à l'été 2010, selon le ministère des Transports.

Les traditionalistes considèrent que tout le territoire de Saint-Constant appartient au peuple mohawk. «On n'empêche personne d'y vivre, dit Mme Wolfclan. Mais le conseil de bande a violé les règles de gouvernance traditionnelles en laissant le gouvernement construire cette autoroute.» Le groupe craint que la région soit envahie par l'urbanisation. «Ils détruisent des espaces verts, des maisons et des commerces pour un raccourci de 15 minutes pour les automobilistes», déplore la Mohawk de 24 ans.

De son côté, le porte-parole du conseil de bande, Joe Delaronde, croit que le groupe ne représente pas la communauté. Il ajoute que le gouvernement du Québec échangera des terres contre le territoire cédé par les Mohawks.

«Il y aura toujours des gens qui ne sont pas d'accord, dit M. Delaronde. L'entente a été conclue amicalement avec le gouvernement du Québec il y a plus de deux mois, et c'est la première fois qu'on assiste à de l'opposition.»

Au ministère des Transports, la porte-parole Marjolaine Gagné précise que le gouvernement du Québec négocie régulièrement avec le conseil de bande de Kahnawake. «Le projet va de l'avant et les Mohawks sont informés des développements.»

Sur des terres agricoles

Assises sur des chaises en plastique, sous la pancarte des traditionalistes, quatre représentantes du «Comité de citoyens de l'autoroute 30 sur la route 132» manifestaient aussi leur désaccord. Ce comité s'oppose au prolongement de l'autoroute 30 selon le tracé adopté par le Ministère. Il milite pour que le nouveau tronçon soit déplacé le long de la route 132 -où l'autoroute avait déjà été commencée dans les années 70.

«Ce sont les plus belles terres agricoles du Québec, affirme la présidente du comité, Viviane Corriveau. Ils vont détruire des milieux humides et contaminer des rivières. Il n'est pas trop tard pour reculer. Les expropriations ne sont par terminées.»

Le ministère des Transports affirme de son côté que 70% des dossiers d'expropriation sont réglés.