Selon l'Agence métropolitaine de transport (AMT), il serait rapide et peu coûteux de relier le centre-ville de Montréal à l'aéroport de Mirabel par le train en prolongeant la ligne Montréal¬-Deux-Montagnes.

Cela rendrait possible la réouverture de l'aéroport, d'autant plus qu'on pourrait le relier par voie ferrée à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau ¬ un trajet de 30 minutes, selon l'AMT. Mais Aéroports de Montréal (ADM) ne veut pas entendre parler de rouvrir Mirabel pour l'aviation civile...même si de plus en plus de citoyens de l'Île de Montréal réclament à Ottawa le retour de certains vols à Mirabel.

Depuis des années, des Montréalais se battent pour qu'on rouvre Mirabel, fermé au trafic de passagers en novembre 2004. C'est qu'en fait, lors de l'annonce de la fermeture de Mirabel, ADM avait promis que le problème du bruit causé par les avions à Dorval serait réglé d'ici à 2010 avec l'arrivée d'avions moins bruyants. Les citoyens attendent toujours ces avions et sont de plus en plus nombreux à se plaindre du vrombrissement quotidien de plus en plus insupportable. D'autant qu'ADM a augmenté les vols de nuit, pourtant formellement interdits après 23h.

Jeudi dernier, l'hebdomadaire L'Express de Mont-Royal révélait que la Ville de Mont-Royal a pris l'initiative, il y a deux semaines, de lancer une pétition pour faire pression sur le gouvernement canadien afin qu'il n'y ait plus de décollages et d'atterrissages à l'aéroport Trudeau entre 23h et 7h sauf pour les cas d'urgence. « Les élus sont régulièrement interpelés par des résidants qui en ont assez du bruit des avions qui survolent la municipalité la nuit et aux petites heures du matin », explique le journal. Il cite la mairesse de Mont-Royal, Vera Danyluk, indiquant qu'elle a « de plus en plus de plaintes de citoyens ». Mme Danyluk pense, comme la coalition Citoyens pour une qualité de vie, que les vols de nuit devraient être transférés à Mirabel.

Au printemps dernier, de nombreux citoyens, notamment ceux de Lachine, le maire Claude Dauphin en tête, avaient protesté contre l'adoption d'un nouveau corridor aérien de décollage qui va nuire à leur qualité de vie. De plus en plus de citoyens de Laval et de l'île de Montréal (Dorval, Beaconsfield, Saint-Laurent, Pointe-Claire, Ahuntsic-Cartierville) se plaignent des inconvénients nés de l'accroissement du trafic à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau et du bruit qui les empêche de dormir ou de profiter de leur jardin. D'ailleurs, Dorval, Beaconsfield et Pointe-Claire ont également lancé une pétion pour que le ministre fédéral des Transports, le conservateur Lawrence Cannon, prenne en compte leurs doléances. Ces villes seront survolées par des avions durant la nuit dès le mois prochain. Ces avions de nuit survolent actuellement Laval et le quartier d'Ahuntsic-Cartierville.

Lors de la dernière assemblée d'ADM, une centaine de citoyens ont réclamé « bruyamment » le retour d'au moins

une partie du trafic aérien à Mirabel, afin de donner un peu de répit aux résidants de l'Île de Montréal. Les partisans de la fermeture de Mirabel avançaient l'argument que l'aéroport était trop loin du centre-ville de Montréal et que la mise sur pied d'une ligne de chemin de fer pour s'y rendre coûterait trop cher.

Lors d'une entrevue avec La Presse, le président directeur général de l'AMT, Joël Gauthier, a pourtant expliqué que le lien entre les deux aéroports ne serait pas compliqué ni dispendieux à établir. Il y a déjà une gare dans l'aéroport de Mirabel prête à accueillir un train, dit-il. De plus, la ligne Montréal-Deux-Montagnes pourrait être prolongée jusqu'à Mirabel.

«La ligne qui va jusqu'à Deux-Montagnes peut être prolongée jusqu'à Montfort, soit au pied des pistes de l'aéroport, dit M. Gauthier. Ensuite, il y a 5 km de voies à créer, ce qui ne coûterait pas très cher. Et à partir de la gare de Bois-de-Liesse, on peut relier la ligne Montréal-¬Deux-Montagnes à l'aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. On pourrait ainsi aller de Dorval à Mirabel en 30 minutes»

La prolongation jusqu'à Montfort est possible depuis que le gouvernement du Québec a acheté, au tournant du siècle, ce tronçon auparavant exploitée par le CN. En 1999, le ministre des Transports d'alors, Guy Chevrette, avait déclaré que la décision du gouvernement provincial d'acquérir l'emprise ferroviaire de l'antenne Montfort était « un atout afin de redonner à Mirabel une vocation d'aéroport international ».

«Pour nous, il n'est pas du tout question de retourner à Mirabel, dit toutefois avec fermeté Christiane Beaulieu, vice-présidente aux affaires publiques d'ADM. Quand on a choisi Dorval plutôt que Mirabel, c'était avec une perspective à long terme. On vient de dépenser 1,5 milliard à Trudeau. On est capable d'aller jusqu'en 2040. À Mirabel, avec 12 millions de passagers, il faudrait refaire les pistes, et les coûts seraient de 5 milliards.»

Mme Beaulieu n'ouvre même pas la porte au transfert de quelques vols à Mirabel. «Cela ne changerait rien, dit-elle. Avoir deux aéroports coûte cher. Quand les deux fonctionnaient, on avait un déficit récurrent de 20 à 25 millions par an.» ADM n'envisage pas davantage de céder à un autre organisme les droits d'exploitation de Mirabel. «On exploite l'aéroport pour les vols cargo, il y a Bombardier et d'autres

entreprises, et on a un bail avec une compagnie française qui veut en faire un centre récréotouristique. Les 280 millions investis au Québec par cette compagnie sont arrivés.»