Un Montréalais de 24 ans a été arrêté à Pékin, hier, pour avoir participé à une manifestation contre l'occupation chinoise au Tibet. Christopher Schwartz, étudiant à l'Université Concordia, devrait rentrer au pays demain, au grand soulagement de ses parents et amis. Et il jure de poursuivre son combat.

Peu après midi, Schwartz et quatre compagnons sont arrivés au coeur de la célèbre place Tian'anmen. À quelques mètres d'une photo géante de Mao Zedong, ils ont enduit leur corps de faux sang avant de se couvrir du drapeau tibétain. Ensuite, quatre militants se sont couchés au sol et ont simulé la mort tandis que Schwartz scandait des slogans pour la libération du Tibet.

Des dizaines de curieux se sont attroupés autour du groupe. Mais au bout de quelques minutes, des policiers en civil ont arraché leurs drapeaux. Puis, sans violence, ils les ont emmenés dans un poste de police pour un interrogatoire.

«Le chef policier m'a dit en anglais «tu dois quitter le pays ce soir», raconte Christopher Schwartz, que La Presse a joint dans un hôtel de Hong Kong. C'était vraiment important qu'on parte immédiatement. Il fallait trouver n'importe quel vol pour partir.»

Quelques minutes plus tard, les contestataires ont été embarqués dans une camionnette et conduits à l'aéroport. Schwartz, un résidant de Verdun, s'est retrouvé à Hong Kong et espère rentrer chez lui demain.

Le jeune homme fait partie du groupe Students for a Free Tibet. Trois de ses camarades sont des ressortissants américains; l'autre est Allemand.

Il affirme ne pas avoir été maltraité pendant sa courte détention. Et il entend poursuivre la lutte contre l'occupation du Tibet.

«Depuis que je suis enfant, mes parents m'ont toujours dit que, si je voyais quelque chose d'injuste dans la société, c'était mon devoir d'agir, a-t-il relaté. Je n'ai pas le droit d'être spectateur.»

«Mon fils a toujours milité très activement dans les causes sociales, a confirmé sa mère, Eithne Schwartz. Mais maintenant, je suis un peu nerveuse.»

La mère, jointe en Irlande, où elle passe une partie de l'été, n'est pas étonnée que son fils se retrouve dans ce pétrin. Elle était bien au fait de son projet, préparé de longue date, qui consistait à profiter des Jeux olympiques pour attirer l'attention sur la cause tibétaine. Elle a même été la première à l'encourager à partir.

«Il faut s'engager, il faut affirmer son opposition à l'occupation au Tibet, car c'est une cause juste, a-t-elle dit. Mais je vis des moments difficiles, aujourd'hui.»

Eithne Schwartz n'a pu parler à son fils, hier, mais elle a bon espoir de le voir revenir au Canada sans être maltraité. Les nombreux militants qui défendent la cause tibétaine au Québec sont aussi optimistes.

«Nous avons organisé des manifestations en Chine dans le passé et nous avons été interrogés, explique une amie de longue date de Christopher Schwartz, Jessica Spanton. Dans l'ensemble, nous avons été traités assez justement.»

La police du Bureau de la sécurité publique de Pékin a refusé de commenter l'affaire.

«Il y a certaines choses que d'autres gouvernements feraient différemment, notamment lorsqu'ils traitent avec des dissidents et des manifestants, a affirmé le ministre des Affaires étrangères, David Emerson. Mais nous espérons que les Jeux olympiques inciteront la Chine à évoluer dans son approche de manière très positive à l'avenir.»

Plusieurs militants joints hier n'étaient guère surpris de la tournure des événements. En fait, c'est plutôt le fait que Christopher Schwartz ait pu entrer en Chine qui les étonne, car ce contestataire bien en vue chez nous épouse la cause du Tibet depuis près d'une décennie.

Il a déjà été arrêté à Toronto, en septembre 2005, après s'être menotté à une chaise et avoir scandé des slogans lors d'une réception du Conseil commercial Canada-Chine en l'honneur du président Hu Jintao.

Visibilité sans précédent

Chose certaine, l'arrestation du petit groupe a une fois de plus propulsé la cause tibétaine à l'avant-plan de l'actualité pendant les Jeux olympiques de Pékin. La nouvelle a notamment été relayée par les sites web du Washington Post, du USÀ Today et du Guardian de Londres.

«La Chine voulait faire main basse sur tout ce qui se passe, tout ce qui se dit et tout ce qui se voit pendant les Jeux, affirme le porte-parole de Students for a Free Tibet, Kelsang Pelden. On voit par notre action qu'on fait des échos dans les médias aux quatre coins du monde.»